Il y a quelques jours une femme de 26 ans de Gesgapegiag a été expulsée de son logement par des policiers de la communauté. Christelle Bernard prétend qu’elle avait encore le droit de demeurer à cet endroit, mais le conseil de bande à un autre point de vue sur la chose. –

Les avis sont polarisés. Pour les nombreux supporters de Christelle, l’éviction ne fait aucun sens. Pour le Conseil de bande, aux prises avec une grave crise du logement et une liste d’attente qu’il faut respecter, on comprend que le geste peut choquer, mais tout a été fait légalement. Par contre, tous espèrent la même chose : un dénouement heureux. – TOPO –

Expulsée du logement qu’elle sous louait, Christelle Bernard a passé les derniers jours dans une petite tente plantée devant les bureaux du conseil de bande de Gesgapegiag. En compagnie de ses animaux, Christelle tente de s’expliquer la situation.

« Le conseil ne fait pas grand-chose pour m’aider. Ils m’ont expulsé rapidement, ne me laissant que mon linge sur le dos. Une de mes amis m’a aidé à dresser ma tente. Et je suis installé me depuis vendredi. »

Pour les amis venus l’appuyer, la situation est intolérable, considérant le fait qu’il n’y a pas d’alternatives pour les personnes sans domicile. John Gideon demande à ce que des actions concrètes soient prises.

« La situation est difficile. Le gouvernement de Gesgapegiag doit faire quelque chose. S’ils ne font rien, rien ne va bouger. »

« Plusieurs de nos ancêtres se retourneraient dans leur tombe à entendre de tel propos. Nous sommes une communauté. Nous avons été élevés en partageant. C’est une honte! On est une petite communauté de cinq à 600 habitants et personne ne fait quoi que ce soit. », estime, quant à elle, Suzanne Legouffe Jerome.

De son côté, le Conseil de bande est bien au fait de la situation. Christelle habitait un appartement qui lui était sous loué par le comité du logement. Le comité en question a réquisitionné le logement, dont le bail est échu, afin de le louer à d’autres membres de la communauté inscrits sur une liste d’attente.

« Elle a été informée depuis le mois de mars. Quand on signe une sous-location on connait la date de la fin du bail et on devrait se trouver un endroit pour demeurer à la fin de ce bail. De notre côté on a une responsabilité envers les membres qui sont sur une liste d’attente. Quelques-uns y sont depuis plusieurs années. », précise John Martin, le chef du Conseil de bande de l’endroit.

Christelle n’est pas la seule dans cette situation. La crise du logement frappe aussi durement le village de Gesgapegiag.

« Le véritable problème ici, c’est le manque de logements, le manque de fonds pour la construction de logements… et le manque de terrain. », précise Christiane Bernard, assistante au chef du Conseil de bande.

D’ici quelques jours, Christelle devra compter sur l’aide de ses amis et de la petite communauté pour se trouver un logement avant l’arrivée des temps froids.