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Étudiants étrangers : Le Cégep de Rivière-du-Loup revient à la charge

Publié le 26 mai 2023 à 17:31, modifié le 26 mai 2023 à 17:31

Par: Laurence Frappier

Le directeur général du Cégep de Rivière-du-Loup accuse le gouvernement fédéral de racisme. Il dénonce le refus de 72 % des demandes de visa d’étudiants d’Afrique de l’Ouest.

Alors que commence la période d’attribution des permis d’étude pour les candidats étrangers, René Gingras remet sur la table la question qui ne date pas d’hier.

« Ça fait au moins sept ans qu’on sait que ces choses-là se passent. L’an dernier, il y a même un comité parlementaire au Parlement fédéral qui s’est penché sur la question est qui est arrivé à la conclusion qu’entre autres choses, il y avait du racisme du côté d’Immigration Canada », déplore le directeur général.

Le Cégep de Rivière-du-Loup accueille chaque année une centaine d’étudiants étrangers, provenant principalement de France. Mais les candidatures africaines, elles, continuent d’être rejetées année après année. La situation mène à de l’épuisement, du côté des candidats qui perdent leurs illusions à force de réponses négatives, mais aussi du côté de l’établissement d’enseignement.

« On en est à se demander, si la tendance se maintient du côté fédéral, est ce qu’on ne va pas tout simplement refuser toutes les demandes qui proviennent d’Afrique? Parce que ça ne sert à rien de leur donner l’illusion que le Canada est accueillant pour eux, puisqu’il ne l’est pas. »

Rapporter la situation à Ottawa

« Dans la grande majorité des cas, tout le travail en amont a été fait par les organisations scolaires ici pour s’assurer justement que les étudiants qui sont choisis ont les moyens financiers de venir. Et ils sont refusés, systématiquement presque, quand même. Alors là, il y a vraiment un sérieux problème. Moi je retourne à Ottawa la semaine prochaine, je veux absolument questionner le ministre à cet égard-là », soutient le député de Montmagny—L’Islet—Kamouraska—Rivière-du-Loup, Bernard Généreux.

Le député de Rimouski-Neigette—Témiscouata—Les Basques, Maxime Blanchette-Joncas, renchérit : « Je lance l’invitation formelle à monsieur Sean Fraser, le ministre de l’Immigration, à venir en région. À constater lui-même que l’incapacité de son ministère à comprendre nos réalités régionales force nos institutions d’enseignement à compromettre leur développement. »

Des refus obscurs

Parmi les raisons de refus invoquées par Immigration Canada, on parle d’une crainte que les jeunes ne retournent pas dans leur pays d’accueil au terme de leurs études.

« En fait, il y a une incongruité à l’intérieur du système, parce qu’on dit aux étudiants “venez étudier chez nous, mais on veut avoir la preuve que vous allez retourner chez vous”. Qu’est-ce qu’on veut faire au Québec? […] On manque d’employés partout, on a besoin de main-d’œuvre dans les garderies, dans l’enseignement, dans le domaine de la santé… Et là, on leur enseigne comment devenir infirmière […] et après on leur dit, au bout de trois ans : “Bin, retournez chez vous!” », soutien Bernard Généreux.

« C’est un non-sens, alors qu’on parle plus que jamais de l’importance de régionaliser l’immigration pour dynamiser nos régions. Il n’existe pas meilleur candidat à l’immigration qu’un étudiant qui parle français, a obtenu son diplôme, fait ses stages et développé un cercle social dans notre région! », appuie Maxime Blanchette-Joncas. « Je peux comprendre certainement les dirigeants d’institutions d’enseignement de dire : “Bin là, si on sait déjà de facto que ces étudiants-là vont être refusés, on va orienter nos efforts dans d’autres endroits.” »

Appui de Daniel Bénéteau

Daniel Bénéteau, mécène et administrateur bénévole rimouskois, s’est joint à Maxime Blanchette-Joncas pour dénoncer la situation.

Celui qui a aussi œuvré à titre de vice-recteur aux ressources humaines et à l’administration à l’UQAR expérimente directement les ratés de la machine fédérale. « C’est une situation contre laquelle je me bats au quotidien depuis plusieurs années, alors que j’agis notamment comme parrain d’étudiants et d’étudiantes en provenance d’Haïti. Les refus sont nombreux et parfois absurdes. J’ai en tête le cas récent d’une étudiante qui a reçu une bourse d’études couvrant frais de scolarité et de subsistance du Cégep de Rimouski, puis qui a été refusée par Ottawa sous prétexte qu’elle n’aurait pas de moyens financiers suffisants! »