Prévisions météo
État des routes
Marées
Faire défiler
Faire défiler
Faire défiler

Nouvelles

Étude de l’Université Laval: les pêcheurs sont stressés par les changements climatiques

Publié le 10 octobre 2024 à 21:15, modifié le 11 octobre 2024 à 12:00

Par: Patrick Giguère

Les changements climatiques et le contexte actuel dans le monde des pêches entraînent des répercussions importantes sur la santé mentale et le moral des travailleurs gaspésiens et madelinots. C’est du moins ce qui ressort d’une étude préliminaire de l’Université Laval sur les principales sources de stress chez les pêcheurs.

« J’ai la chance de bien gérer ce stress-là. C’est certain qu’il faut s’accrocher au futur et de penser que ça va s’améliorer », espère Romain Berthelot.

Depuis 2017, ce pêcheur de Carleton-sur-Mer observe des changements importants dans la façon de faire dans son métier.

« Il n’y a pas si longtemps, le métier d’un pêcheur c’était de pêcher. Là, présentement, quand on arrive à la pêche, le gros de l’ouvrage est fait. C’est la lourdeur administrative de tous les intervenants qu’on a autour de la pêche. L’endettement qu’on a vis-à-vis les quotas qui ne montent toujours pas», laisse tomber M.Berthelot.

Le contexte actuel pèse lourd aussi sur les épaules des vingt pêcheurs gaspésiens et madelinots et leurs proches qui ont accepté de se confier à un groupe de recherche de l’Université Laval sur la beauté et les difficultés de leur métier. Les résultats préliminaires sont particulièrement inquiétants.

«Ils dorment moins bien et ils sont plus irritables. Ils connaissaient tous par cœur le nom des médicaments qu’ils prennent pour leur mal à l’estomac», révèle la chercheuse et médecin Dre Isablle Goupil-Sormany.

Outre les changements climatiques, le manque de contrôle, les contraintes économiques et règlementaires, la diminution de certains quotas, pèsent pour beaucoup dans la balance.

«Un pêcheur ça fait vivre une communauté. Quand ça va mal, ils savent qu’ils ont un poids à porter au regard des milieux dans lesquels ils vivent. Ça, c’est très présent, et ils sont hypers vigilants. Et ils sont stressés en général», ajoute-t-elle.

La coordonnatrice de la Coopérative des capitaines propriétaires de la Gaspésie admet que plusieurs de ses membres ont une écoeurantite aiguë du contexte actuel. Certains sont même prêts à relever de nouveaux défis.

« Je n’ai pas de statistiques sur le nombre d’entreprises de relève qui est à vendre, présentement, mais moi, sur mes 32 membres de poissons de fond à l’Association, j’en ai au moins cinq à sept qui en parle», assure Samantha Bois.

Malgré ces défis, les travailleurs de la mer restent passionnés par le métier, selon le rapport. Mais ils ne sont pas certains s’il y aura de la relève ou hésitent à transmettre leur passion à leurs enfants.

« Moi, présentement, je n’ai pas d’enfants, mais j’aimerais bien trouver un jeune éventuellement qui s’intéresserait à l’entreprise que je monte», souffle M.Berthelot.

Les pêcheurs appellent à une refonte du modèle économique des pêches, adapté à leurs réalités, et une meilleure reconnaissance de leur expertise, en autres.

« On a une certaine écoute, mais on s’aperçoit qu’il y a beaucoup de personnes qui changent de postes régulièrement. C’est un gros rouage de se faire comprendre. Mais je suis confiant dans les prochains temps qu’il y a quelque chose qui va passer », croit M.Berthelot.

« On essaie de protéger la ressource. On essaie de stimuler l’économie. Mais ça ne se fait pas nécessairement avec eux. Je pense que le « avec » c’est la première étape», mentionne la Dre Isabelle Goupil-Sormany.

La médecin-chercheuse doit se rendre sur le terrain dans les prochaines semaines afin de recueillir d’autres données, notamment sur la résilience des pêcheurs.

L’étude devrait être finalisée d’ici le printemps prochain.