Éclosion chez duBreton : une zone grise aux mesures sanitaires?
Publié le 16 février 2021 à 17:32, modifié le 17 février 2021 à 07:23
Par: CIMTCHAU
Viandes duBreton ne l’a pas nié, et ce dès le début de l’éclosion. C’est un travailleur en provenance des zones rouges qui a été recruté par l’entremise d’une agence de placement qui est à l’origine de l’éclosion de COVID-19 dans l’entreprise. Mais aucune consigne n’empêche ces travailleurs d’habiter ensemble la semaine.
« C’est ridicule. Complètement ridicule », lance Yannick Morin, président du syndicat des travailleurs, lorsque questionné sur l’absence de consignes claires en ce sens. À titre d’exemple, des travailleurs en provenance de Montréal qui ne se connaissent pas peuvent prendre l’autobus ensemble en respectant la distanciation, et résider dans le même appartement la semaine à Rivière-du-Loup.
Les consignes avant leur départ, pendant le transport et lors de leurs journées de travail sont cependant clairement énoncées dans un document préparé par l’Institut national de Santé publique. En voici quelques extraits :
- Effectuer un triage des travailleurs symptomatiques ou ayant eu des contacts avec un cas avant l’embarquement.
- Prévoir un espace isolé qui respecte la distance de deux mètres dans le cas où un travailleur développerait des symptômes durant le transport.
- Réorganiser la prestation et les méthodes de travail pour maintenir, dans la mesure du possible, une distance de 2 mètres entre les individus.
- Réduire au minimum le nombre de travailleurs.
Le document ne propose cependant aucune recommandation quant à ces travailleurs qui sont logés dans le même appartement les soirs de semaine avant de retourner à la maison la fin de semaine. C’est de cette façon que s’est principalement transmis le virus chez duBreton.
« La Santé publique et le gouvernement devraient exiger aux employeurs qui transportent du personnel de zone rouge qu’ils louent des chambres d’hôtel pour éviter la proximité », propose Yannick Morin.
La CNESST et la Santé publique sont présentement en intervention chez duBreton. Tout comme l’entreprise, ils ont refusé nos demandes d’entrevue.
Une entreprise similaire en avance
D’autres entreprises de la région, comme Aliments Asta, ont cessé d’avoir recours à ces travailleurs au début de la pandémie pour se protéger contre d’éventuelles éclosions. Viandes DuBreton a-t-elle trop tardé avant de prendre la même décision ? Les citoyens sont partagés.
« Les infirmières ont été transférées dans d’autres hôpitaux et ils l’ont apporté eux autres aussi. Pour n’importe qui c’est très dur de dire ceux qui sont infectés ou non », avance un homme rencontré mardi.
Plusieurs citoyens ont été très critiques de la gestion de l’entreprise. Une dame l’a même qualifiée de désolante. D’autres, compréhensifs, sont bien au fait du problème de main-d’œuvre auquel font face ces entreprises, mais souhaiteraient tout de même que ces travailleurs de zones rouges soient testés systématiquement.