Des mots qui ont aussitôt fait bondir les élus et plusieurs figures du milieu économique. « Elle a affirmé ça de façon condescendante », a réagi le maire de Rivière-du-Loup, Mario Bastille.

L’homme d’affaires Gilles Lortie a été encore plus direct : « Fendant. Baveux. » Même indignation du côté de la présidente de la Chambre de commerce de la MRC, Claudette Mignault, qui a qualifié la déclaration d’« inadmissible, inappropriée et inconsciente ». « C’est un manque total de respect envers notre communauté », a-t-elle insisté.

Pour Bruno Gagnon, ex-conseiller maritime, c’est « d’une arrogance totale ». Il estime que le gouvernement tourne le dos à une région qui se mobilise depuis des mois.

Le député péquiste de Matane–Matapédia, Pascal Bérubé, dénonce également le ton employé par la ministre et rappelle l’ampleur du mouvement citoyen en cours. « Je suis la politique dans la MRC de Rivière-du-Loup depuis plusieurs années. J’ai rarement vu un dossier où il y a autant de mobilisation », souligne-t-il. Il promet que le Parti québécois agira comme un allié pour faire toute la lumière sur les décisions prises en coulisses.

Parmi les figures de cette mobilisation : Marc Morin, instigateur de la pétition pour le maintien de la traverse. Le document a récolté 8000 signatures, mais a été rejeté par la CAQ. En entrevue, il n’a pas mâché ses mots : « Voir cette dame condescendante nous dire que c’est fait… et qu’il y a juste quelques personnes? Eh simonac! Viens te promener dans le coin. Moi, ce n’est pas ça que j’entends. On n’entend pas la même chose! »

Contactée par CIMT, l’équipe de la députée caquiste Amélie Dionne nous a confirmé qu’elle ne commenterait pas les propos de la ministre Guilbault. On indique toutefois qu’elle est « très compréhensive et sensible envers l’opinion des citoyens », tout en réitérant que le déménagement demeure « la meilleure option pour assurer la pérennité du service de traverse et une saine gestion des fonds publics. »

Ce matin, la tension était palpable lors d’une rencontre de la Table régionale des élus du Bas-Saint-Laurent, où Mario Bastille et Amélie Dionne étaient tous deux présents. Le maire affirme lui avoir transmis un message clair : « Quand elle est venue me saluer, je lui ai dit : si tu parles à Geneviève Guilbault, tu lui demanderas des excuses. »

Mais le maire va encore plus loin. Il exige également des excuses du premier ministre François Legault, rappelant une promesse faite en avril 2022. « La décision sera politique, et c’est moi qui vais la prendre. Elle va demeurer à Rivière-du-Loup. C’est ce que François Legault m’avait dit. Donc, je m’attends à ce qu’il s’excuse lui aussi. Parce que dans le fond, il m’a menti en pleine face. »

Pour plusieurs, les propos de Geneviève Guilbault ne font que raviver le débat.

« Vous venez de rallumer le feu qui a toujours été là, mais là, ça va sauter », avertit Gilles Lortie.
« On ne se fera pas insulter comme ça pendant encore des mois, sinon des années », prévient Bruno Gagnon.
« Soyez assurés que la mobilisation du milieu est plus forte que jamais », insiste Claudette Mignault.
Et le maire Bastille conclut : « On va revenir en force pour les quatre prochaines années. Ils vont avoir le vent dans la face pour la dernière année de leur mandat. »