Des élèves plongés dans l’univers de jeunes autistes
Publié le 12 mars 2024 à 17:32, modifié le 15 avril 2024 à 14:43
Par: Catherine Pellerin
Des élèves de la région de L’Islet peuvent se retrouver dans la peau de jeunes autistes grâce à la réalité virtuelle. Le centre de services scolaire de Côte-du-Sud est le premier au Québec à utiliser « Les pieds en haut: Lou ».
Il s’agit d’un outil immersif conçu par deux mamans d’enfants autistes, qui sont scénaristes et réalisatrices de cette expérience. Martine Asselin et Annick Daigneault proposent une expérience de l’autisme en réalité virtuelle grâce à leur œuvre.
« C’est innovateur. Présentement, on est le seul centre de services scolaire à avoir cet outil-là » lance Marie-Claude Côté, la conseillère pédagogique en adaptation scolaire qui a mis sur pied ce projet.
Ce mardi, un 2e groupe d’élèves de l’école secondaire Bon-Pasteur a pu faire l’expérience. Les cinq adolescentes sont entrées dans la tête de Lou, un personnage fictif, pendant 20 minutes. Elles ont vécu certains moments de son quotidien, allant de ses 5e ans jusqu’à son entrée au secondaire.
« On voit vraiment qu’il faut analyser tous les détails! D’habitude, je rentre dans une pièce et je n’analyse pas vraiment, mais là, c’est vraiment différent. Les affaires apparaissent une par une » explique Rose-Marie Lavoie.
« Je sentais mon cœur battre à mille à l’heure. Quand ça criait ou qu’il y avait trop de bruit, je stressais vraiment », témoigne Charlie Talbot.
« On voit vraiment ce qu’eux vivent en réalité. C’est différent de notre quotidien à nous », ajoute Sophie Saint-Pierre.
« Les jeunes mentionnent qu’ils auraient aimé vivre l’expérience avant pour mieux comprendre », affirme la directrice de l’école secondaire, Lucie Nadeau.
Une initiative qui fait la différence, alors que cet établissement compte une dizaine de jeunes autistes. L’un d’eux a même essayé cette technologie.
« Pour lui, c’était tellement facile! Ce n’était même pas un jeu, c’était son quotidien », raconte son enseignante, Corinne Blais.
Des intervenants bouleversés
Il s’agit aussi d’un outil grandement apprécié par les enseignants et les intervenants du centre de services scolaire. Ils peuvent par la suite mieux accompagner les jeunes autistes étant donné qu’ils comprennent davantage leur réalité.
« On ne pense pas à la lumière, on ne pense pas aux casiers, au bruit. On peut tellement mieux comprendre comment ils voient la vie de leur côté », déclare Mme Blais, qui a aussi fait elle-même l’expérience.
« Les gens sont bouleversés. Ce qui les marque beaucoup, c’est la fatigue qu’ils vont vivre. Ils vont vivre l’expérience pendant 20 minutes et ils me disent ‘’je suis épuisé! Je ne peux pas croire que mon élève, lui, c’est toute sa journée comme ça’’. Le bombardement et tout ce qui rentre en même temps là dans son cerveau » Marie-Claude Côté
L’objectif est de plonger dans cet univers méconnu de plus en plus de membres du personnel et d’élèves.
« Je peux vous dire que présentement, mes élèves sont vraiment plus empathiques. Ils vont même aller plus vers eux. Ils comprennent. Je recommande ça à toutes les écoles, si un jour c’est possible », témoigne Corinne Blais.
Une expérience immersive qui permet de comprendre la différence, sans jamais la pointer du doigt.
« C’est important de surtout les comprendre, de ne jamais juger les gens », conclut la jeune Charlie.