Des distributrices de préservatifs conçues et fabriquées au Cégep de Rivière-du-Loup
Publié le 22 octobre 2024 à 17:02, modifié le 23 octobre 2024 à 08:01
Par: Catherine Pellerin
Le Cégep de Rivière-du-Loup a trouvé une solution économique pour améliorer l’accessibilité aux moyens de contraception auprès de ses étudiants et pour favoriser des comportements sexuels sécuritaires. Des distributrices de préservatifs sont conçues sur place, grâce à des imprimantes 3D.
« On voulait rendre les préservatifs accessibles, à plus d’endroits au Cégep et de façon discrète également », affirme Marilyne Tardif.
L’infirmière clinicienne en santé scolaire, qui travaille au CISSS du Bas-Saint-Laurent, a comme mandat de faire de la prévention au Cégep de Rivière-du-Loup. C’est elle qui a initié ce projet. Depuis des années, des préservatifs gratuits sont offerts dans l’établissement collégial, mais seulement sur le coin de son bureau.
« Les préservatifs, c’est quand même assez coûteux. On trouvait ça vraiment important d’avoir un accès gratuit. C’est aussi l’un des meilleurs moyens pour prévenir des infections transmises sexuellement, dont la chlamydia qui touche particulièrement les jeunes de 15 à 24 ans et qui est l’une des ITSS les plus transmises », explique-t-elle.
Le nombre de cas d’ITSS, soit d’infections transmissibles sexuellement et par le sang, a doublé en 10 ans au Bas-Saint-Laurent, selon le rapport des autorités de la santé sur les maladies à déclaration obligatoire entre 2010 et 2021.
À sa demande, ce dispositif a été conçu par le responsable du laboratoire de fabrication numérique du Cégep.
« Elle est arrivée en me disant qu’elle avait besoin d’une distributrice à condoms, c’est déjà très amusant! Ensuite, on s’est demandé comment on pouvait le faire faire à faible coût, avec une façon qu’on pouvait le reproduire facilement. C’est là qu’on l’a conçu en 3D », raconte Jérôme Frédéric Bouchard, qui est technicien en travaux pratiques au fablab Fabbulle.
Après un prototype développé au début de l’année 2024, une version améliorée a été lancée cet automne. Une seule composante est découpée au laser et il faut environ 24h pour imprimer les 3 autres pièces, qui sont ensuite facilement assemblées.
Cette distributrice coûte 3 à 4 fois moins cher que celles déjà sur le marché. Elle est surtout plus sécuritaire, selon l’infirmière.
« C’est d’avoir le moins de façons possible d’être capable d’altérer des condoms à l’intérieur. Ce distributeur ne permet pas vraiment d’aller prendre des condoms et de les replacer à l’intérieur par la suite. On veut que les jeunes se sentent en confiance d’utiliser ces condoms-là », poursuit Mme Tardif.
Elles ont été placées pour l’instant sur chaque étage des résidences du Cégep ainsi que dans deux salles de bain, situées près d’un café étudiant.
« On a choisi des endroits stratégiques pour avoir une plus grande accessibilité et en même temps, une grande discrétion aussi », déclare Marilyne Tardif.
Chaque appareil peut contenir jusqu’à 70 préservatifs, fournis par la direction de la Santé publique du Bas-Saint-Laurent. Une collaboration a également été conclue avec le Centre de réadaptation en déficience intellectuelle, qui a accepté d’assurer le remplissage des distributrices, ce qui doit être effectué chaque semaine.
Une solution économique pour d’autres établissements?
Le cégep a décidé par ailleurs de rendre accessible gratuitement en ligne les instructions de fabrication, autant en anglais et qu’en français. Les responsables espèrent que le projet fera des petits notamment au Québec, alors que de plus en plus de Cégeps mettent en place depuis quelques années des distributrices de préservatifs gratuits.
« J’aimerais ça le voir reproduit, que d’autres le fassent, c’est toujours ça qui est valorisant », estime Jérôme Frédéric Bouchard.
« Même qu’il serait possible d’en vendre, de les commercialiser. Ce serait parfaitement correct suivant la licence. Ça ferait mon affaire, on ne veut pas devenir une manufacture non plus et il y a une bonne demande », poursuit-il.
Le Cégep a fabriqué jusqu’à maintenant une dizaine de distributrices, qui ont été vendues notamment à d’autres établissements d’enseignement.