Autoroute 20 : des clôtures plus hautes pour limiter les collisions avec les orignaux?
Publié le 25 août 2021 à 16:54, modifié le 26 août 2021 à 13:19
Par: CIMTCHAU
À Saint-André-de-Kamouraska, plusieurs collisions avec des orignaux sont survenues sur l’autoroute 20 au cours des dernières semaines. Des victimes, qui ont évité le pire, se mobilisent pour demander au ministère des Transports d’augmenter la hauteur des clôtures à huit pieds dans le secteur.
C’est le cas d’Alain Camirand, qui a véritablement frôlé la mort le 7 juillet dernier à la hauteur de la sortie 480, alors qu’il circulait en direction ouest. Il a frappé un orignal de plein fouet et a subi un traumatisme crânien.
« Je te jure, s’il était mort, je ne sais pas ce que j’aurais fait », raconte sa conjointe, Manon Ste-Croix. S’il ne se souvient pas de son accident, Alain Camirand en subit certainement les conséquences.
« J’ai eu de gros maux de tête. Après ça, qu’est-ce que j’ai eu aussi? J’ai eu des pertes de mémoire, que j’ai d’ailleurs en ce moment, qui persistent encore. Après ça j’ai eu des étourdissements », détaille-t-il, précisant que ses étourdissements s’estompaient peu à peu.
Sa conjointe se souvient aussi d’avoir vécu une soirée pénible, le 7 juillet.
« Mon fils est arrivé et il m’a dit « maman, papa a eu un accident, il est à l’hôpital. Il est magané, la voiture est scrap, il a frappé un orignal. » Je vais vous dire, ça réveille mal. Entre le moment où tu pars de la maison et que tu arrives là-bas et que tu le vois tu dis non, non. Ce n’est pas mon conjoint ça. » – Manon Ste-Croix, conjointe d’Alain Camirand
Quelques semaines plus tard, et seulement quatre kilomètres plus loin, une famille a évité le pire de justesse, alors qu’un orignal est entré en collision avec le côté de la voiture. « J’avais mes trois enfants avec moi dans ma voiture et mon amie. Je me suis dit après, c’était une question de secondes, avant de voir si mon orignal serait rentré dans ma voiture », raconte Tania Martin, dont l’accident s’est produit à la mi-août.
Pour les personnes touchées par ces accidents, les clôtures d’environ quatre pieds qui sont installées en bordure de l’autoroute 20 ne sont pas suffisamment hautes pour empêcher les orignaux et les chevreuils de passer. Ils demandent des changements.
« Moi je ne veux plus que ça arrive. Ça détruit des familles, ça détruit des gens. C’est incroyable. Mettez-là, la clôture de 8 pieds, seigneur », s’insurge Manon Ste-Croix, qui doit passer beaucoup de temps à la maison pour prendre soin de son conjoint.
Une opinion que partage Tania Martin, qui habite Blainville, mais qui est originaire de Rivière-du-Loup.
« On le sait qu’il va y avoir des accidents. On ne le sait pas s’il va y avoir des morts. Est-ce que c’est un guess à prendre? Non. Pas du tout. » – Tania Martin, victime d’une collision avec un orignal à Saint-André-de-Kamouraska
Le ministère des Transports réagit
Sans pouvoir expliquer pourquoi, Alain Camirand et Manon Ste-Croix sont d’avis que les orignaux et les chevreuils sont de plus en plus nombreux à traverser l’autoroute 20 à la hauteur de Saint-André. Le ministère des Transports n’était pas en mesure de dire si le nombre de collisions dans le secteur avait augmenté cet été, les chiffres n’étant pas encore disponibles.
« Au courant des dernières années, il y a entre deux et trois accidents avec de la grande faune dans ce secteur-là », explique Émilie Lord, porte-parole du MTQ.
Elle répète que le bilan routier est étudié pour bien connaître les secteurs névralgiques, mais elle refuse de dire si les clôtures de huit pieds pourraient être considérées.
« Il n’y a pas de solution universelle pour réduire le nombre de collisions avec la faune. Les mesures d’atténuation comportent tous leurs avantages et leurs inconvénients. » – Émilie Lord, porte-parole du MTQ
D’autres mesures comme des ajouts de pancartes de signalisation peuvent notamment être étudiées lorsqu’une augmentation de la présence des animaux est observée, note également la porte-parole.
En attendant des changements, Alain Camirand n’a pas hésité à lancer une flèche au ministère, en expliquant que des clôtures de huit pieds avaient été installées ailleurs au Québec. « Ici, pourquoi ils n’en mettent pas? Le ministère, on dirait qu’ils aiment mieux payer pour le monde qui se fait mal », conclut-il.