« La municipalité de Saint-Urbain a souhaité protéger sa population, mais la gestion de la situation a été déficiente », a déclaré la coroner Andrée Kronström.

Le rapport du coroner, qui compte 15 recommandations et 39 pages complètes sur les événements du 1er mai 2023, est clair. Si les deux pompiers ont agi de cette manière, c’est qu’un « enchaînement de facteurs » bien au-delà de leur contrôle s’est déclenché une fois que les inondations sont devenues incontrôlables. Le schéma de couverture de risque était déficient, la maîtrise du plan de sécurité civile insuffisante, et il y avait une méconnaissance des ressources disponibles pour les municipalités.

« Les mandats imposés par la loi sur la sécurité incendie et la loi sur la sécurité civile, visant à favoriser la résilience, ne sont pas une mince tâche pour les MRC. Cela leur met une lourde charge sur les épaules. Une des façons de remplir ces obligations est de s’unir et de créer des ententes », explique Me Kronström.

Outre le regroupement des services incendie suggéré, Me Andrée Kronström aborde également la culture du pompier héros. Selon la coroner, Régis et Christopher Lavoie souhaitaient « mettre la main à la pâte » ce jour-là. Pourtant, la non-intervention était la décision à prendre. Elle demande à l’École nationale des pompiers de changer cette mentalité.

« Il faut mettre en place des ententes pour amenuiser cette pensée selon laquelle les pompiers peuvent intervenir dans toutes les circonstances, bien souvent au détriment de leur propre sécurité », affirme-t-elle.

Des recommandations sont également formulées à l’intention de la sécurité publique et du ministère de l’Environnement. Elle suggère d’améliorer la gestion des risques, de finaliser la carte des zones inondables, et de renforcer la formation des pompiers et des employés municipaux. Elle appelle aussi à sensibiliser le public à la sécurité et à promouvoir les outils de prévention disponibles.

Saint-Urbain engagé à suivre les recommandations

La municipalité de Saint-Urbain a réagi à la suite du rapport.

« Globalement, je suis satisfaite du rapport. Bien sûr, nous allons nous y conformer. Nous avons 45 jours pour y répondre, et nous avons déjà entrepris des démarches en ce sens. Nous avons revu complètement notre plan municipal de sécurité civile », a déclaré la mairesse, Claudette Simard.

Le conseil municipal soutient le regroupement des services incendie initié par la MRC. Claudette Simard réitère également sa confiance envers sa brigade et son chef.

« Il faut toujours mettre en perspective l’événement, le stress, la panique, l’inquiétude », souligne-t-elle.

Elle estime toutefois qu’ils auront besoin de soutien de la part de Québec.

« Je pense que nous devons avoir un appui sur le terrain, qu’on vienne vérifier tout ce que nous faisons et nous aider dans ce processus. Il y aura aussi nécessairement un soutien financier important à apporter », affirme l’élue.

Christopher « ne jouait pas aux héros », selon sa mère

Germaine Lavoie, mère de Christopher Lavoie, a tenu à préciser que son fils ne cherchait pas à devenir un héros. Ce n’était pas sa personnalité. Elle estime que le rapport est néanmoins objectif. Elle poursuit sa guérison et espère que son fils ne sera pas oublié.

Rappelons que ces recommandations résultent d’un long travail d’enquête. En avril et en mai 2024, dix journées d’audiences ont eu lieu au palais de justice de La Malbaie. Une soixantaine de personnes y ont pris la parole afin de mieux comprendre les circonstances du drame et de proposer des solutions.

Suite à ce rapport, des questions demeurent sans réponse, notamment concernant la chronologie des événements. Un manque de concordance de certains faits a été observé durant l’enquête. Les familles ou le couple formé par Yvan Lavoie et Linda Simard voudront-ils intenter des poursuites ? Un flou persiste.