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Décentralisation en santé : une promesse de François Legault saluée au Kamouraska

Publié le 20 octobre 2021 à 17:33, modifié le 20 octobre 2021 à 17:34

Par: CIMTCHAU

Le comité Mes soins restent ici, au Kamouraska, milite depuis plusieurs années pour que les prises de décisions en santé se fassent plus localement, plus près de la réalité du terrain. La promesse hier du premier ministre François Legault de procéder à une décentralisation du réseau n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd.

« Il y a beaucoup de gens qui attendent plus de notre gouvernement et qui ont hâte de voir ce qui va être proposé », lance la Dre Marie-Ève Fromentin, qui représente les professionnels de la santé au sein du comité.

Le pouvoir décisionnel en santé a été largement centralisé, lors de la dernière décennie. Au Bas-Saint-Laurent, par exemple, la majorité des décisions est maintenant prise à partir de Rimouski par le CISSS depuis l’immense réforme de 2015. Sur le terrain, les effets se font sentir.

« On sent qu’on veut appliquer mur à mur les mêmes solutions dans tous les milieux, alors que chacun des milieux a sa propre particularité. Malheureusement, on ne tient plus compte de ces particularités régionales là », explique la Dre Fromentin.

« La personne qui descend du Témiscouata pour venir chercher un patient à La Pocatière pour le descendre à Rivière-du-Loup et le remonter, alors que le transporteur de La Pocatière est disponible », lance à titre d’exemple l’autre porte-parole de Mes soins restent ici, Jean Martin. C’est que la liste de rappels, lors de certains quarts de travail, est gérée à partir de Rimouski, explique-t-il.

La Dre Fromentin ajoute qu’il serait plus simple de gérer les ressources humaines localement, plutôt que de confier cette tâche à des gestionnaires qui ne sont pas sur le terrain. « C’est ce qui rend l’organisation plus agile pour accommoder certains de ses employés », pense-t-elle. Elle croit également qu’une décentralisation augmenterait le sentiment d’appartenance et l’engagement du personnel soignant.

« Si on appartient à une très, très grosse structure, ce n’est pas la même chose que si on appartient à un petit groupe qui se tient les coudes et qui travaille à un projet collectif. » – Dre Marie-Ève Fromentin, porte-parole de Mes soins restent ici

Pour remédier à certaines de ces situations, le comité propose l’embauche ou la nomination de directions dans les établissements, et cite l’exemple de l’hôpital de La Pocatière. « Mais il ne faut pas que ce soit un pion non plus », avertit le porte-parole Jean Martin.

« On espère que ce soit quelqu’un qui va pouvoir prendre des décisions localement. On espère que ce ne sera pas quelqu’un qui va seulement descendre les directives ministérielles », ajoute la Dre Fromentin.

Jean Desjardins ravi de la promesse 

Au moment de l’immense réforme en santé, en 2015, Jean Desjardins était président du conseil d’administration du défunt CSSS du Kamouraska. Son sourire en dit long, lorsqu’on lui demande sa première réaction à la promesse de François Legault. « Fantastique, lance-t-il d’emblée. Je ne pensais pas que ça reviendrait un jour dans la bouche d’un premier ministre », poursuit-il.

« Je ne pense pas qu’ils peuvent revenir à ce que c’était avant. Je pense que c’est impossible », tempère-t-il, quelques instants plus tard. Même s’il s’est battu avec plusieurs collègues pour ne pas perdre de services locaux lors de cette réforme, toutes les batailles n’ont pas été gagnées et certaines ressources avaient été perdues.

Il se réjouit maintenant de la volonté de Québec de revenir vers une gestion locale, entre autres parce qu’il est maintenant très difficile selon lui de régler des situations rapidement en raison du nombre d’acteurs impliqués.

« En faisant la fusion, ce qu’on a fait c’est qu’on a regroupé tout un immense territoire. Donc on a déplacé le centre de décision à 150 ou 200 km. Donc avant qu’une personne ici puisse prendre une décision, il doit se référer à l’autre bout. » – Jean Desjardins, ex-président du C.A. du défunt CSSS du Kamouraska

Il souhaite également que le gouvernement reconnaisse les spécificités de chacune des régions, lorsqu’il présentera son plan.

« Peut-être que la rentabilité d’un spécialiste à l’hôpital ne donne pas le même rendement que s’il était à Montréal, mais pour nous c’est important qu’on l’ait. De toute façon même si ça coûte un peu plus cher, bien peut être que dans les soins à domicile ou peut-être que dans d’autres unités ça coûte un peu moins cher. C’est la région, c’est la petite région qui le sait. Ce n’est pas l’ensemble du territoire », analyse-t-il.

Si François Legault a promis de décentraliser, son plan concret n’a pas encore été dévoilé. Les attentes sont élevées, au Kamouraska. « Je pense que c’est un premier pas dans la bonne direction. On attend les suivants », conclut la Dre Fromentin.

Le CISSS du Bas-Saint-Laurent a pris connaissance du discours de François Legault, mais n’entend pas réagir pour le moment.