Début des délibérations au procès pour meurtre de Denis Picard
Publié le 29 mars 2021 à 14:48, modifié le 30 mars 2021 à 11:31
Par: CIMTCHAU

Le jury est maintenant séquestré et entame ses délibérations au procès pour meurtre au premier degré de Denis Picard. Trois verdicts sont possibles, soit homicide involontaire coupable, meurtre au deuxième degré et meurtre au premier degré.
Dans le cadre de ce procès, le jury devra répondre à cinq questions principales pour en arriver à un verdict.
Les réponses aux deux premières questions ne font pas l’objet d’un litige, puisqu’il a déjà été admis que Denis Picard avait commis un acte illégal le 5 juin 2017, et que cet acte illégal avait causé la mort de Colette Émond.
Les trois dernières questions sont cependant litigieuses. Le jury devra déterminer si l’accusé avait formé l’intention requise pour qu’il y ait meurtre. Sur cette question, la juge a proposé des pistes de réflexion au jury, notamment sur ce que Denis Picard a fait ou n’a pas fait, sur ce qu’il a dit ou n’a pas dit, sur le nombre de coups portés, ou encore sur le déroulement de son arrestation. Si le jury détermine qu’il y a un doute raisonnable quant à l’intention de tuer, ils devront cesser les délibérations et déclarer Denis Picard coupable d’homicide involontaire.
À l’inverse, si le jury détermine que la Couronne a prouvé hors de tout doute raisonnable que Denis Picard avait formé l’intention de tuer Colette Émond, il devra passer à la quatrième question : Denis Picard a-t-il agressé sexuellement la victime? Si le jury considère qu’il existe un doute raisonnable, Picard devrait être reconnu coupable de meurtre au deuxième degré. À l’inverse, le jury devra passer à la cinquième et dernière question.
Le jury devrait alors déterminer si l’agression sexuelle et le meurtre de Colette Émond font partie de la même suite d’évènements. S’ils sont convaincus hors de tout doute raisonnable que oui, Picard devrait alors être reconnu coupable de meurtre au premier degré, alors qu’un doute raisonnable sur cette question amènerait un verdict de meurtre au deuxième degré.
La juge émet ses consignes
La juge Manon Lavoie rappelé qu’il incombait à la poursuite de prouver hors de tout doute raisonnable la culpabilité de Denis Picard, et que ce dernier est présumé innocent du chef d’accusation de meurtre au premier degré.
Elle a rappelé les 15 témoignages qui se sont succédé au cours des deux dernières semaines au palais de justice de Rivière-du-Loup.
Le 5 juin 2017, trois policiers du poste de Saint-Pascal se sont rendus au domicile de Denis Picard, après avoir reçu un appel. Ce dernier a alors fait des verbalisations incriminantes en présentant ses poignets pour être menotté. Avec la collaboration de la conjointe de l’accusé, une policière finira par trouver le corps inanimé et ensanglanté de Colette Émond, dans son logement d’un immeuble résidentiel de La Pocatière.
La juge Lavoie a rappelé le témoignage de la pathologiste Caroline Tanguay, qui avait expliqué que Colette Émond était uniquement vêtue du haut du corps, qu’elle présentait de nombreuses blessures à la tête, et que cinq zones d’impact avaient été identifiées au niveau du visage. La cause du décès : un traumatisme contondant. Lors de son expertise, Caroline Tanguay n’avait pas décelé d’évidences de lésions traumatiques des parties génitales ou à la bouche ni de morsures sur le corps de la victime.
Les analyses de l’experte en projections de sang et biologiste Jacinthe Prévost avaient révélé la présence d’ADN de Colette Émond dans le caleçon de l’accusé et à l’intérieur de son pantalon. À l’inverse, de l’ADN de Denis Picard avait été décelé sur les seins de la victime.
Au cours du procès, deux témoins qui résidaient dans un immeuble voisin de celui de la victime ont également rapporté que Denis Picard s’était présenté chez elles le jour du décès.
La juge a rappelé aux jurés d’examiner la preuve dans son ensemble et de déterminer les faits dignes de foi. Le jury devra s’appuyer sur la logique et le « gros bon sens », en se fiant uniquement aux preuves et aux témoignages présentés à la cour.
Comme prévu, deux jurés tirés au sort ont été exclus des délibérations cet après-midi, ce qui signifie que seuls 12 des 14 jurés prennent part aux délibérations.