« Ce n’est pas un conflit entre les régions. C’est un conflit entre pêches et océans et les pêcheurs », explique le comptable agréé de Raymond Chabot Grand Thornton, Paul Boudreau qui se prononce pour ses clients et qui connaît bien le problème.

La situation est la suivante. Un pêcheur provenant des Îles-de-la-Madelaine tente de vendre son permis de pêche de l’île d’Anticosti à un autre Madelinot. On parle d’une transaction de plusieurs millions de dollars. Or, le transfert est actuellement bloqué par le ministère fédéral des Pêches pour des raisons administratives en lien avec le processus de transfert des permis entre pêcheurs.  Les pêcheurs à qui nous avons parlé croient que Pêches et Océans Canada (MPO) mêle les cartes.

« Pêches et Océans ne doit pas se servir du prétexte des règles administratives pour venir empêcher le transfert de permis à l’intérieur d’une même région », dénonce Paul Boudreau.

Ailleurs au Québec maritime, les transferts de permis dits intersectoriels, soit entre les secteurs des Îles-de-la-Madeleine, de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent, sont la norme. Le ministère des Pêches et des Océans tarde à se prononcer.  Mais les Nord-Côtiers ne veulent pas jouer dans les plates-bandes des autres.

« La côte nord ne veut pas venir chercher les permis aux îles. Ça a été mal interprété, on a parlé aux gens de la côte nord. Ce n’est pas leur intention du tout d’aller chercher les permis ailleurs. Ils veulent conserver ce qu’ils ont chez eux et on est tout à fait d’accord avec ça », explique le comptable du client.

Du côté de la Côte-Nord, on s’inquiète de l’exode des permis lucratifs de la région. Des pressions exercées par des associations de pêcheurs nord-côtiers veulent protéger leurs acquis. Des démarches y sont faites pour introduire la notion de lieu de résidence dans le processus de transfert des permis entre pêcheurs de la Côte-Nord.

« Ce n’est pas une guerre entre régions. Ce que l’on veut nous, c’est que les transferts de permis entre les Madelinots puissent être transférés aux Madelinots, ou aux Gaspésiens ou au Bas-Saint-Laurent. Et puis, la Côte-Nord veut garder leur permis chez eux », précise M. Boudreau.

Les Madelinots sont d’accord pour que la Côte-Nord protège ses permis. En revanche, la Côte-Nord ne devrait pas être incluse dans les transferts de permis intersectoriels concernant l’île d’Anticosti : un endroit où les pêcheurs madelinots exercent depuis 20 ans.

« Oui, c’est un cas particulier. Mais quand il arrive des cas particuliers à pêches et océans, c’est toujours compliqué. Je pense qu’ils aiment se faire compliquer quand on peut faire simple », lance M. Boudreau.

Pour sa part, le MPO se garde de commenter l’affaire étant donné qu’elle dit qu’il s’agit d’un cas en particulier.