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Pourquoi le crabe des neiges coûte si cher?

Publié le 7 avril 2022 à 17:28, modifié le 8 avril 2022 à 15:56

Par: CIMTCHAU

Le crabe des neiges est arrivé dans les poissonneries de la Gaspésie. Mais son prix élevé décourage bien des consommateurs. Quels facteurs influencent son prix?

Le crabe des neiges annonce l’arrivée du printemps et se retrouve normalement sur la table de bien des familles gaspésiennes. Mais, cette année, le prix élevé du crustacé risque de modifier les coutumes de plusieurs.

Un consommateur, rencontré à la poissonnerie nous mentionne ceci : « Ben ça m’affecte puisque que j’en achète beaucoup moins. J’en ai mangé une fois à date, mais, normalement, c’était une à deux fois par semaine, mais là à cause du prix, j’achète autre chose. »

Une dame qui vient d’acheter deux crabes vivants est déçue de cette hausse de prix : « Pis, qu’est-ce qui est plate dans la région, on a la ressource nous autres. T’sé avant ça, ce n’était pas de même. Ça hausse, ça hausse, ça n’en finit plus. »

Les prix affichés actuellement sont en hausse de 20% par rapport à l’année dernière. Comment fixe-t-on le prix du crabe des neiges?

« Le prix du crabe est fixé sur les marchés mondiaux, essentiellement aux États-Unis, parce que c’est là que ça s’en va. (…) L’essentiel de ce qui est pêché et transformé ici est exporté à l’international. Donc, 75 à 90% annuellement est exporté et de ces exportations internationales-là, 90 à 95% (sic) est dirigé vers les États-Unis. (…) Donc, c’est à partir de ce prix-là de référence qu’ils viennent négocier avec les pêcheurs le prix au débarquement (…) et qui vont aussi vendre aux grossistes, aux poissonneries, aux restaurants, aux supermarchés d’ici, au même prix», explique Gabriel Bourgault-Faucher, chercheur à l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) et membre du collectif Manger notre Saint-Laurent.

Ce prix de référence sur le marché américain est déterminé en fonction de l’offre et de la demande. Présentement, l’offre est grandement diminuée, car il y aura peu de crabes en provenance de l’Alaska, en raison de la diminution des quotas et pas du tout de la Russie, en raison de la guerre et des sanctions économiques imposées à ce pays.

« Au total, j’ai calculé, c’est à peu près un quart à un tiers de l’offre globale en crabe des neiges qui n’est pas disponible cette année. Donc, cette offre diminuée-là vient aussi jouer à la hausse sur le prix de référence sur le marché américain », mentionne M. Bourgault-Faucher, coauteur de l’étude Le prix du crabe des neiges: comprendre les mécanismes et les enjeux économiques.

L’inflation, avec sa hausse des coûts de nombreux produits tel que le carburant,  explique également le prix élevé du crustacé. Les consommateurs sont mécontents de voir une ressource locale coûter si cher.

En effet, malgré l’augmentation des quotas de pêche du crabe  dans le golfe du Saint-Laurent, les prix s’emballent. Comment faire pour que cette ressource locale reste abordable pour les consommateurs d’ici? 

« En fait, je pense qu’il faut pointer du doigt personne. Même si ça passe par les transformateurs, c’est ni la faute des pêcheurs, ni des transformateurs, ni des poissonniers. Tout le monde se pointe un peu du doigt. En fait ce qu’il faut remettre en question, c’est plutôt un modèle de développement », propose M. Bourgault-Faucher et son équipe de l’IRÉC et du collectif Manger notre Saint-Laurent.

Les auteurs de l’étude proposent deux solutions : créer un mécanisme pour stabiliser le prix du crabe et mettre sur pied un fonds de diversification des pêches financé par une partie des rentes du crabe.

Des transformations en profondeur qui demanderont du temps. D’ici à ce que le modèle de marché change, de nombreux consommateurs se tourneront vers d’autres produits de la mer pour contenter leurs papilles et leur budget.