Château Dubuc : Le patrimoine gaspésien avalé par la mer
Publié le 26 septembre 2022 à 17:34, modifié le 26 septembre 2022 à 17:34
Par: Félix Côté
L’érosion aura finalement eu raison du Château Dubuc. Le bâtiment qui faisait partie du patrimoine de la Gaspésie a été avalé par les énormes vagues provoquées par la tempête Fiona, samedi.
Alors on peut voir ici, clairement, la puissance des vagues qui sont venues détruire le Château Dubuc. Un monument patrimonial pour la municipalité et la population de Chandler.
« Le ministère de la Culture et des communications c’est zéro pis une barre. C’est extrêmement désolant que Chandler perde son plus beau bâtiment patrimonial. C’est le Château Dubuc et puis là il est disparu », lance cet homme présent sur les lieux.
« C’est notre héritage qui s’en va malheureusement », déclare cette dame pour qui le père avait travaillé pour Gaspésia.
« C’est un avant-goût de ce qui s’en vient et puis, avec le chemin de fer aussi. Il vient juste d’être rénové et il commence déjà à subir les conséquences », avoue ce monsieur devant la dépouille qui part à la dérive.
Le bâtiment était à risque depuis longtemps, mais il y avait eu de la mobilisation pour sauver l’édifice qui datait de 1916. Une somme 40 000$ avait été proposée par la ministre de la Culture du Québec, Nathalie Roy : un montant que les acteurs au dossier jugent dérisoire.
« Ils n’ont pas voulu nous dire zéro, mais ils nous ont donné 40 000$, mais on sait que c’est comme zéro », explique le maire de Chandler, Gilles Daraiche déçu de la tournure des évènements.
Le ministère de la Culture avait aussi été interpellé par le Parti Québécois, pour une opération de sauvetage du Château Dubuc. Cette demande avait été refusée et la faute avait été rejetée sur le propriétaire des lieux.
« On aurait pu sauver le Château Dubuc et au lieu que le ministre de la Culture exerce un vrai leadership. Elle a plutôt choisi de blâmer les propriétaires de blâmer la Ville de Chandler et de ne pas offrir un montant suffisant, et aussi de ne pas utiliser le pouvoir qu’elle avait pourtant pour déplacer le Château Dubuc », mentionne le candidat péquiste dans Bonaventure, Alexis Dechesne qui avait contacté la ministre Roy.
L’historien Jean-Marie Fallu croit que si le problème avait été dans un contexte urbain, les choses auraient été différentes. Il considère qu’en région, le gouvernement laisse le patrimoine bâti tomber à l’eau.
« C’est un symbole de l’inertie de la CAQ. On parle, on parle, on parle beaucoup d’érosion des berges, mais quand c’est le temps de faire quelque chose comme ici on ne bouge pas et c’est triste pour la fierté gaspésienne », dénonce l’historien Jean-Marie Fallu.
L’ouragan Fiona est un cas isolé, mais avec les changements climatiques, la montée et le réchauffement des eaux, le Château Dubuc est peut-être le premier bâtiment d’une longue liste qui glisse aux mains de dame nature.
« La mer, c’est fort, on l’a vu aujourd’hui, elle est venue chercher un gros bâtiment et puis ça n’a pas pris de temps. La terre se mange avec l’érosion et on en paye le prix », ajoute le maire Daraiche.
Construit en 1916 par Julien-Édouard-Alfred Dubuc, l’un des grands industriels francophones du début du 20e siècle au Québec, le bâtiment avait une valeur architecturale et patrimoniale d’envergure. Reste à savoir, qui ramassera les décombres.