Boucle de l’Atlantique : Énergie NB dit non ?
Publié le 10 août 2023 à 11:58, modifié le 10 août 2023 à 11:58
Par: Félix Côté
Le mégaprojet d’une ligne de distribution d’électricité à partir d’un barrage du nord du Québec pour traverser tout le Nouveau-Brunswick serait trop couteux selon Énergie NB. L’organisme qui gère la distribution d’électricité aux Néo-Brunswickois préfère se tourner vers le nucléaire que le projet de boucle de l’Atlantique. Une erreur selon des experts en gestion de l’énergie.
« Je suis très étonné que la boucle de l’Atlantique soit remise en question par énergie Nouveau-Brunswick. L’étude qui a été faite est extrêmement mauvaise », explique le directeur chair de gestion de l’énergie HEC Montréal, Pierre-Olivier Pineau.
La boucle de l’Atlantique a pour but de faciliter le transport d’électricité entre le Québec et les provinces maritimes. Selon un rapport produit par Énergie NB, le projet coûterait 40 millions de dollars de plus par année qu’actuellement pour la consommation d’électricité. Une facture qui serait refilée aux Néo-Brunswickois à partir de 2040. Pour Énergie NB, c’est trop cher. Selon cet expert, le rapport est incomplet.
« Toutes les études techniques montrent que ça vaut la peine. Que c’est profitable à long terme et que ça amène des coûts inférieurs à ceux qui prévaudraient si on n’avait pas ses interconnexions »mentionne Pierre-Olivier Pineau.
Selon le gouvernement fédéral, la boucle reste la meilleure option pour décarboner le pays et remplacer l’électricité au charbon dans les maritimes. M. Pineau est du même avis.
« Si les conclusions sont biaisées contre la boucle de l’Atlantique, c’est simplement pour préserver certains intérêts acquis, ou une certaine vision du développement électrique au Nouveau-Brunswick. Une vision renfermée sur elle-même ou on ne valorise pas autant la collaboration et surtout les bas prix pour les néo-brunswickois », déplore M. Pineau.
Dans son rapport Énergie NB n’offre aucune solution alternative claire pour réussir à atteindre les objectifs de décarbonisation. L’entreprise émet sa préférence pour l’énergie nucléaire, sans pour autant en avoir évalué les coûts.
« Elle ne reparle jamais des coûts des petits réacteurs nucléaires, comme si subitement lorsqu’il s’agit du nucléaire, ce n’était pas important de regarder les coûts. Ce qui est évidemment une aberration. Il faut discuter de toutes les technologies et mettre les coûts sur la table et regarder ce qui est le mieux pour la province », relance le directeur chair de gestion de l’énergie HEC Montréal.
Selon l’expert, le projet de la boucle de l’Atlantique est la plus belle collaboration interprovinciale envisageable et toutes les provinces en profiteraient. Énergie NB a refusé de nous accorder une entrevue.