Agriculteur fauché mortellement par un taureau : Le rapport du coroner dévoilé
Publié le 7 février 2021 à 10:32, modifié le 8 février 2021 à 17:39
Par: CIMTCHAU

L’agriculteur de 59 ans tué par un taureau sur sa ferme de Mont-Carmel en juin dernier avait peur de l’animal, mais il n’avait pu s’en départir en raison de la pandémie, révèle le rapport d’enquête du coroner.
Louis Voyer est décrit par la coroner Renée Roussel comme un travailleur «autonome et acharné» qui vivait et exploitait seul une ferme sur le rang 6 à Mont-Carmel.
Le quinquagénaire, qui songeait à la retraite, a connu une fin atroce le 9 juin 2020. Des passants ont découvert l’homme inconscient et gravement blessé près d’un enclos où se trouvait un taureau agité ainsi que d’autres bovins. Ce n’était pas la première fois que l’animal était agressif. La victime avait déjà été chargée par le taureau et avait perdu conscience, peu de temps avant le tragique accident.
La coroner explique que Louis Voyer « s’est fait attaquer et projeter au sol. Il a été ensuite piétiné et poussé ».
«À l’examen du corps tel que c’est écrit dans le rapport, on voyait des lacérations occasionnées par quelque chose de pointu. Donc, on peut penser que c’était les cornes du taureau. On avait aussi des traces de pas d’animaux sur le corps, puis le monsieur souffrait de polytraumatisme, puis il en est mort», mentionne la coroner dans le dossier, la docteure Renée Roussel.
Un voisin a fini par abattre l’animal, qui menaçait la sécurité des secouristes. Malgré des soins de réanimation tentés rapidement, la victime n’a pu être sauvée.
Un précédent
En se basant sur l’examen de la scène et du corps du défunt, « tout semble pointer vers un décès bel et bien causé par une attaque animale » perpétrée par le taureau, indique le rapport.
On apprend que M. Voyer était propriétaire du taureau, qui servait à l’insémination de son troupeau.
Selon des proches, il «en avait peur» après avoir été chargé par la bête et avoir perdu conscience peu de temps avant l’événement mortel. «Il l’aurait vendu à l’encan», mais celui-ci était suspendu en raison de la crise sanitaire.
«L’accident est incompréhensible pour la famille, car M. Voyer se méfiait du taureau. Pour une raison inconnue, M. Voyer s’est trouvé en présence de l’animal et s’est fait attaquer et projeter au sol. Il a été ensuite piétiné et poussé», écrit la coroner.
À l’intérieur de l’enclos, aucun aménagement ne semblait pouvoir protéger M. Voyer, qui n’était muni que d’un bâton de baseball hérissé.
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La coroner déplore que le filet de sécurité qui vise à prévenir les accidents de travail dans le milieu agricole était insuffisant pour un travailleur autonome comme lui, qui n’a pas d’employés. Elle affirme que la CNESST n’a pas mené d’enquête dans ce dossier, en raison de son statut, et n’a pas effectué de visite préventive antérieure.
« S’il avait eu de l’information, s’il y avait eu de la formation continue, peut-être qu’il aurait pu y avoir quelque chose dans l’enclos derrière lequel il aurait pu se protéger. Donc, on voit, il manque certaines choses et il manque peut-être des connaissances aussi », affirme la coroner.
Du côté de l’Union des producteurs agricoles, elle a constaté que les formations organisées par la fédération régionale «atteignent habituellement les mêmes personnes, principalement des agriculteurs qui ont des employés».
Elle appelle le ministère de l’Agriculture à faire davantage en matière de santé et de sécurité en milieu agricole.
Selon les informations du Journal de Québec.