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Agression sexuelle : un processus de plainte imparfait

Publié le 26 juin 2024 à 16:58, modifié le 27 juin 2024 à 10:53

Par: Félix Côté

Encore trop peu de crimes à caractère sexuel sont dénoncés en Gaspésie et une infime partie est liée à un examen médico-légal. L’outil est-il bien adapté et que doit-on préconiser pour la saison des festivals ?

Au cours de 5 dernières années, 538 plaintes ont été rapportées par la Sureté du Québec en Gaspésie. Or, selon le centre d’aide et de lutte contre le crime à caractères sexuels, seulement 10 % des victimes portent plainte en raison d’un sentiment de culpabilité ou parce que le processus est d’une extrême lourdeur.

« La plupart des gens ne portent pas nécessairement plainte. Soit elles arrivent au CALACS et elles veulent qu’on les accompagne, soit c’est pendant le processus qu’elles décideront de porter plainte ou elle ne porte seulement pas plainte », affirme la directrice du centre d’aide et de lutte contre le crime à caractères sexuels (CALACS) la Bome Gaspésie, Annick Bouchard Beaulieu.

Parmi les 538 plaintes, 30% d’entre elles ont mené à des accusations. Ces chiffres ne sont pas surprenants pour Annick Bouchard Beaulieu. Elle estime qu’un meilleur accompagnement pour les victimes doit être instauré au cours du processus de plainte.

« C’est certain que le processus judiciaire est difficile, surtout pour les victimes. Effectivement l’uniforme peu faire peur. On est dans une région très très pauvre et donc que les gens n’ont pas nécessairement confiance en l’autorité pour plusieurs raisons, ou plusieurs choses qu’ils ont faites d’autre qu’être victime », précise la directrice.

La trousse médico-légale est le seul outil de preuve dont disposent les victimes pour dénoncer leurs agresseurs. Dans les 5 dernières années, 40 interventions ont eu lieu en Gaspésie, ce qui représente seulement 7 % des plaintes rapportées à la SQ.

« Ça reste que c’est intrusif qu’on parle d’un examen gynécologique pour les femmes, on cherche des preuves donc c’est très très intrusif après avoir vécu une agression sexuelle de subir une trousse. Ce n’est pas facile ça non plus, nous on voudrait que les gens le fassent parce que ce sont des preuves, mais ce n’est pas facile », explique-t-elle

Selon la directrice du CALACS, les agresseurs trouveraient régulièrement de nouveaux moyens pour contourner le système. La trousse médico-légale ne permet pas toujours de détecter les traces de drogue dans le sang, que ce soit le GHB ou d’autres types de substances moins connues.

« C’est certain qu’au niveau des intoxications involontaires c’est très difficile à prouver à moins d’avoir la victime, ici, maintenant, au moment où ça vient d’arriver. On le voit et on l’amène à l’hôpital tout de suite, ce n’est pas facile à prouver », raconte Mme Bouchard Beaulieu.

À l’approche des festivals, Annick Bouchard Beaulieu stipule que la meilleure manière de lutter contre le crime est de le dénoncer et de se protéger les uns les autres.

« C’est difficile d’empêcher l’intoxication, mais si les témoins sont actifs et qu’ils ne font pas comme s’ils ne regardaient pas et qu’ils agissent sur la situation, mon travail sera 100 % fait », déclare la directrice du CALACS.