La décision survient pratiquement un an après le tragique évènement. Après avoir analysé les preuves recueillies par le Bureau des enquêtes indépendantes du Québec, le procureur provincial chargé du dossier conclut que le policier a agi de manière à se protéger face à une situation dangereuse pour sa survie.

Les éléments de preuve comprenaient des séquences de la caméra vidéo se trouvant à bord de l’auto-patrouille, des images captées par des caméras de sécurité de commerces environnants, des déclarations de témoins civils ou des forces de l’ordre, des analyses de contenu de téléphones cellulaires, des empreintes digitales et des rapports balistiques.

Le rapport d’enquête précise que Chantel Moore s’est précipitée à la porte munie d’une arme blanche lorsque le policier s’est présenté chez elle dans la nuit. Il n’avait que très peu de marge de manœuvre pour esquiver la menace. Il était coincé sur un petit balcon au troisième étage et à l’opposé des escaliers. Il lui a demandé à quelques reprises de laisser tomber son couteau.

«C’est une décision d’une fraction de seconde d’utiliser la force nécessaire pour atténuer la menace», a mentionné Guy Ryan, ancien policier au Service de police de Montréal.

Le policier à la retraite soutient que tous les détails et preuves recueillis ont permis au BEI de faire la lumière sur le fil des événements.

«Je crois que le BEI a fait une enquête transparente; je ne peux pas croire qu’ils ont été influencés d’une façon ou d’une autre pour arriver à ces conclusions-là», a ajouté M. Ryan.

Des témoins ont affirmé avoir vu Chantel Moore consommer de l’alcool durant la soirée, quelques heures avant l’intervention, ce qui a été confirmé par le rapport d’autopsie.

Le procureur en vient à la conclusion que son comportement, sa consommation d’alcool combinée à son geste d’avoir brandi un couteau envers un policier en allant ouvrir la porte et de ne pas avoir jeté son arme après une demande répétée, a joué contre elle.

Les policiers doivent de plus en plus faire face à des individus en détresse.

«On l’a vu dans les dernières statistiques, il y a près de 75 % des appels placés dans les postes de police, ce sont des personnes en détresse, que ce soit mentale, que ce soit des personnes intoxiquées; ce sont des problèmes sociaux», a continué l’ancien policier.

La Force policière d’Edmundston ne commentera pas davantage le dossier, mais assure qu’elle apportera sa collaboration pour l’enquête du coroner, qui devrait débuter en décembre, et celle de la Commission de police du Nouveau-Brunswick.

Chantel Moore était une amérindienne qui avait choisi de quitter sa Première nation sur la côte ouest de l’île de Vancouver pour s’établir à Edmundston.