Achats sur Amazon: des organisations de nos régions ont le clic facile
Publié le 2 mai 2025 à 19:55, modifié le 2 mai 2025 à 21:48
Par: Patrick Giguère

Équipements sportifs, du mobilier de bureau, drones et décorations de Noël: des organisations de nos régions ont dépensé une petite fortune sur la plateforme Amazon au cours de la dernière année.
Des deux côtés de la Baie-des-Chaleurs, notre demande d’accès à l’information nous permet de constater que certaines municipalités qui prônent généralement pour l’achat local, n’ont pas hésité à se tourner vers le web pour se procurer certains items.
Les informations obtenues datent du du 1er janvier 2024 au 8 février dernier.
« Je m’attendais à ça parce qu’il y a encore une idée préconçue des gens qui disent que l’achat local c’est plus cher, alors que pas forcément », mentionne la directrice de la Chambre de commerce et d’industrie de la Baie-des-Chaleurs, Valentine Palma.
En Gaspésie et dans le Nord-Est du Nouveau-Brunswick, c’est la Ville de Bathurst qui arrive en tête de liste avec des commandes d’un peu plus de 36 mille dollars.
Personne n’était disponible pour répondre à nos questions vendredi.
La Ville de Gaspé arrive en seconde position avec ses achats de matériel informatique de près de 28 mille dollars.
Le directeur des communications de la Ville de Gaspé a décliné notre demande d’entrevue, rappelant qu’une directive interne empêche maintenant les responsables de faire des emplettes sur Amazon, sauf pour les produits pour lesquels il n’y a pas d’équivalent local.
« La Ville de Gaspé a réalisé pour 27 988,28 $ d’achats sur Amazon entre janvier 2024 et janvier 2025, ce qui représente environ 0,07 % du budget municipal. Ces achats concernaient principalement du matériel informatique, souvent non disponible localement en stock », résume Jérôme Tardif.
«Des économies appréciables»
À Chandler, ce sont des raisons économiques qui motivent les responsables des services de l’embellissement et des loisirs à commander sur la plateforme américaine, selon le directeur général, Roch Giroux.
« [Les] raisons invoquées : Économies appréciables sur les achats ou encore les achats réalisés ne sont pas disponibles au niveau local. Je note rapidement des achats en lien avec des décorations de Noël, [des] parasols de tables, caméras de sécurité comptes parmi les principaux achats », énumère le gestionnaire.
Rideaux lumineux, perceuse et batterie, couvre foyer, écrans et claviers pour des ordinateurs, verres et assiettes jetables figurent dans la liste des achats de l’administration municipale de Paspébiac auprès du géant mondial du commerce en ligne.
Elle totalise 5 583,49$.
Le responsable des communications a refusé de répondre à nos questions.
« Il y a des choses qu’on a acheté localement, mais à ce moment-là il y a une situation qui ont acheté en ligne pour quelconque raison », reconnaît d’emblée le maire de la Ville de Rivière-au-Nord.
Joseph Lanteigne ajoute que ses employés ont commandé pour plus de six mille dollars pour acheter des horloges, des fournitures de bureau et des guirlandes de Noël.
Il s’agissait majoritairement de commandes de dernière minute, selon l’élu, qui ajoute aussi que la rapidité de livraison de l’entreprise y est pour quelque chose.
« C’est sûr que depuis ce qui s’est passé avec Trump on a réalisé comment c’est important d’acheter localement. C’est ce qu’on fait depuis. C’est peut-être une leçon qu’on a appris et c’est bien », admet-il.
Nouvelle, la plus dépensière de la Baie-des-Chaleurs
Dans la Baie-des-Chaleurs, c’est la municipalité de Nouvelle qui a dépensé le plus d’argent public sur le géant américain, selon notre compilation.
La mairesse précise que les équipements de protection pour le karaké, des trousses de premiers soins ainsi que des oreillers et des serviettes de qualité supérieure pour l’auberge de Migusha étaient introuvables dans la région.
Rachel Dugas soutient que durant cette même période la municipalité a tout de même encouragée des commerces locaux pour garnir la garderie communautaire ou réaliser divers travaux sur son territoire.
« Dans la même période temps, je n’ai pas le nombre exact parce que c’est quand même un travail de longue haleine pour défricher ça, mais on a quand même fait beaucoup d’achat local pour notre municipalité. (…) Les responsables des achats sont au courant de notre volonté d’acheter local, c’est vraiment important », assure Mme Dugas.
La facilité au bout des doigts
Quant à eux, les Centres intégrés de santé et de services sociaux de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine ont dépensé environ 40 000$ sur Amazon, pour de la papeterie et des pièces très spécialisées d’appareils médicaux.
« C’était la facilité au bout du clic. Il y avait un peu de tout. (…) C’est rapidement accessible dans les moteurs de recherche, l’accessibilité, la diversité des produits était là » explique Yannick Sauvé, directeur de l’approvisionnement et de la logistique au Centre intégré de santé et des services sociaux (CISSS) de la Gaspésie.
Mais depuis, une directive ministérielle leur interdit maintenant d’utiliser la plateforme.
« On essaie de trouver un autre produit similaire via les contrats qu’on a déjà, localement, ou avec d’autres sources d’approvisionnement, ça fonctionne quand même très bien », fait savoir M. Sauvé.
« Les dépenses réalisées sur Amazon ont été faites pour la plupart parce que difficilement accessibles ou trouvables aux Îles-de-la-Madeleine, des produits pour lesquels nous avons tout d’abord vérifié la disponibilité localement. Cependant, depuis la fermeture des entrepôts Amazon au Québec, les directives du Secrétariat du Conseil du trésor afin de ne plus utiliser la plateforme et de privilégier les produitslocaux/québécois/canadiens sont suivies », tient à préciser l’agente des communications du CISSS des Îles-de-la-Madeleine, Adèle Arseneau.
Les MRC et CSR
Entre le 1er janvier 2024 et le 8 février dernier, les municipalités régionales de comté de la Gaspésie et des MRC de la Matapédia ont dépensé approximativement 6000$ sur géant du commerce électronique.
Le total des colis livré dans les Commissions de services régionaux du Restigouche et du Nord-Est du Nouveau-Brunswick totalise un peu plus de 17 600$.
Par courriel, la Commission de services régionaux de la Péninsule acadienne, qui gère un budget annuel d’environ 10 millions de dollars, a tenu à apporter certaines précisions.
« Ainsi, les 8 000 $ dépensés sur Amazon représentent seulement 0,08 % de notre budget total. (…) Chez nous, ces achats sont principalement liés à des équipements de sécurité pour le centre de tri, ainsi qu’à de l’équipement de bureau. (…) Il est important de souligner que plus de 95% de nos achats sont faits localement, dans la Péninsule acadienne », explique Karine Hébert Doumbia. «Amazon demeure une exception ponctuelle lorsqu’il s’agit de combler des besoins spécifiques, rapidement ou à moindre coût. »
Acheter localement, c’est important
La directrice de la Chambre de commerce et d’industrie de la Baie-des-Chaleurs rappelle l’importance des impacts positifs de l’achat local sur l’économie et la vitalité d’une région.
« Les gens peuvent obtenir des conseils personnalisés par les employés. En plus, on fait travailler des personnes d’ici qui réinvestissent dans la communauté. En plus, on sauve des emplois ici, on est totalement gagnant », termine Mme Palma.
Reste à voir si la guerre tarifaire avec le président américain encouragera davantage les gestionnaires à acheter localement.
Achats effectués sur Amazon sur une période de 13 mois
MRC du Rocher-Percé : 2 937,79$
MRC de Bonaventure : 1805,58$
MRC de La Matapédia : – 1000$
MRC d’Avignon: – 200$
MRC de La Côte-de-Gaspé : 0$