Le Héron n’est plus. Seule sa charpente sera maintenue. Les nouveaux propriétaires ont entamé, en janvier dernier, de grande rénovation afin de mettre cette institution de Carleton-sur-Mer au goût du jour et d’exploiter au maximum son emplacement.

« En gros, c’est ça qu’on fait, c’est qu’on se tourne vers la mer, on va avoir la partie qui était cuisine autrefois qui devient la salle à manger, puis ça va être vitré, on va voir la mer du restaurant à la grandeur », explique Louis-Franck Valade, nouveau copropritétaire de l’ancien restaurant Le Héron.

Si l’aménagement intérieur sera complètement transformé, le caractère familial du lieu sera conservé.

«La vocation ne changera pas. L’institution Le Héron, qui est là depuis 60 ans bientôt, va rester un restaurant familial, qu’on va mettre à notre sauce, qu’on va mettre notre touche locale. (…) On garde déjeuner, dîner, souper », mentionne M. Valade.

Une note de nostalgie dans la voix, l’un des anciens propriétaires se souvient des débuts.

«On a acheté le 12 décembre 1984 et le 23 décembre, il est entré 23 autobus pleines. (…) Donc, ça avait vraiment été une journée de fous. Les employés pleuraient à 3 heures du matin », raconte Michel Poirier.

Et ça n’a pas arrêté pendant des décennies. «Nous, on a calculé dans les 40 ans, 38 ans le restaurant, 45 ans avec la cantine, on avait servi au-delà de 15 millions de clients avec 1500 employés », estime M. Poirier

Il faut dire que le restaurant était ouvert 365 jours par année et, à une certaine époque, 24 heures sur 24. Des camionneurs, des voyageurs et des gens célèbres s’y sont attablés, dont le criminel notoire Jacques Mesrine et les stars hollywoodiennes Patrick Swayze et Tom Cruise, qui étaient venus pêcher le saumon par ici.

Si la famille Poirier et leurs associés ont décidé de passer le flambeau, ce n’est pas sans pincement au cœur.

« Ah, c’est certain, mais au moins je suis content de voir que ce sont des gens d’ici. C’était une des conditions qu’on avait, c’est des jeunes qui ont fait leur preuve, ils ont de la fougue. (…) Maintenant, ça va changer, mais je suis convaincu que les gens avec toute la volonté qu’ils ont, ils vont réussir à amener ça, à un autre niveau, faire de quoi de bien.»

Oui, il y aura des changements. À la réouverture, le restaurant ne s’appellera plus Le Héron, même si on souhaite y intégrer un peu de son histoire. Aussi, pour le moment, l’horaire de 365 jours par année n’est pas assuré.

« On ne le sait pas encore, dans l’idéal, si jamais la clientèle est là à l’année, on va rester ouvert à l’année, mentionne Louis-Franck Valade en ajoutant : le plan pour l’instant, c’est d’être ouvert vraiment justement le printemps tôt jusqu’à l’hiver, puis d’avoir 1 mois ou 2 (de congé), un peu comme on fait avec La mie véritable. »

Le nouveau restaurant devait rouvrir en avril, mais les travaux de rénovation sont plus compliqués que prévu. Si tout va bien, on pourra y célébrer la Fête Nationale en mangeant une bonne poutine ou un fish & chips.