À cause d’un anglicisme, le Snack Bar D’Amours a failli devoir changer de nom
Publié le 1 mai 2025 à 17:12, modifié le 1 mai 2025 à 17:12
Par: Ariane Boyer
Après l’épisode « Go! Habs! Go! », qui a fait vivement réagir la semaine dernière, c’est maintenant une entreprise de Rivière-du-Loup qui s’est retrouvée dans le viseur de l’Office québécois de la langue française. Le nom du Snack Bar D’Amours, bien connu dans la région depuis 1964, a failli lui valoir des ennuis.
Jusqu’ici, seules les entreprises de 50 employés et plus devaient se conformer aux règles de francisation de l’Office québécois de la langue française. Mais dès cet été, ce sont aussi les plus petites PME – comme le Snack Bar D’Amours – qui devront s’enregistrer et démontrer que le français est bel et bien la langue du travail.
En remplissant son formulaire, la propriétaire Mylène Malenfant craignait que le nom de son entreprise pose problème.
« C’est sûr que c’est un nom qui existe depuis 1964, et puis le terme français c’est “casse-croûte”, donc “Casse-croûte D’Amours”. On a quand même une cantine, pas si loin, qui a un nom qui ressemble aussi », explique-t-elle.
Pour l’entreprise, un changement qui aurait pu engendrer des dizaines de milliers de dollars en frais.
« On aurait probablement été contrés… mais changer les affiches, changer les logos, changer tout l’affichage d’une entreprise… », ajoute Mylène Malenfant.
Et les citoyens, eux, n’en revenaient pas.
« C’est ridicule… On est habitué que c’est le Snack Bar D’Amours. »
« Ça fait combien d’années qu’il marche sur ce nom-là? On le connaîtra plus! »
« Le monde est habitué à ça, Snack Bar D’Amours! »
« C’est peut-être intense un peu… »
Heureusement, l’histoire se termine bien. Un agent de l’Office québécois de la langue française a plaidé la cause de l’entreprise devant un comité externe. Le nom a finalement été jugé conforme.
« Nous, ça a fonctionné. Notre nom est correct. On a reçu notre certificat, on l’a affiché dans la cuisine! », se réjouit la propriétaire.
Mais elle espère que chaque dossier sera analysé avec rigueur.
« J’ose espérer que ce n’est pas les yeux fermés qu’ils prennent ces décisions-là, en disant : “Non, on ne respecte pas la langue française, c’est un anglicisme. On change tout.” »
Le débat est lancé : faut-il protéger un nom d’ici… ou défendre la langue d’ici?
« Il faut que ça soit français : on est au Québec icitte. »
« En tant que Française, il faut garder le français. Il est trop beau, le français. »
Mylène Malenfant le sait : ce vent de francisation pourrait bientôt souffler sur bien d’autres enseignes.
« La date butoir pour nous, c’était juin. On a été un peu plus d’avance que tard. Mais il y a d’autres entreprises qui sont probablement dans ces démarches-là actuellement. »