« Nos inquiétudes augmentent chaque année que cette série de mortalité inexpliquée se poursuit », explique le président et directeur scientifique du GREMM, Robert Michaud. Lorsqu’il est question de béluga adulte, plusieurs raisons peuvent expliquer leur décès. L’âge, en premier lieu, le manque de nourriture ou encore la présence de certains contaminants chimiques présents dans le fleuve Saint-Laurent. Lorsqu’il est question de nouveau-nés, le GREMM ne peut donner de raison pour expliquer ces décès subits.

Depuis les douze dernières années, des carcasses de nouveau-nés et de femelles gestantes sont de plus en plus retrouvées. Puisque les bélugas sont une espèce en voie d’extinction, ce constat est dévastateur selon le directeur scientifique. « 19 carcasses pour 2021 c’est un nombre élevé, mais pas inquiétant. Ce qui nous inquiètes véritablement, c’est le maintien du nombre élevé de nouveau-nés [morts] et la persistance de ce problème-la avec les femelles enceintes. »

En effet, ces décès n’aident en aucun cas l’espèce à se reproduire. « Malgré plusieurs efforts pour protéger les bélugas, la population ne semble pas rebondir ou se rétablir. Il n’y a pas de hausse précise. On travaille sur plusieurs fronts, comme l’accès a la nourriture de qualité et en abondance, la réduction du trafic maritime et du bruit. Les bélugas ont plusieurs défis, et l’humain aussi », confirme Robert Michaud, qui rappelle que les changements climatiques ont un effet direct sur l’habitat naturel de ce cétacé.

Le Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins a dénombré 900 bélugas lors de son dernier recensement en 2021. « Depuis une quarantaine d’années, ce nombre-là n’a pas varié ou très très peu. En soi, ce n’est pas une bonne nouvelle, le fait que le nombre de carcasses que l’on retrouve est resté stable ça veut dire que la population n’a pas fait de gros progrès. C’est ça qu’on souhaiterait, c’est voir une population en santé. »