Mourir seul à l’hôpital
Publié le 15 février 2021 à 16:42, modifié le 15 février 2021 à 16:45
Par: Patrick Giguère
Mourir entouré de ses proches, c’est le souhait que caressent plusieurs d’entre nous. Dans la Matapédia, un homme de Saint-François-d’Assise n’aura pas eu cette chance. Robert Doucet, 87 ans, est décédé seul à l’hôpital de Campbellton. Sa famille porte plainte auprès du CISSS de la Gaspésie et du réseau de santé de Vitalité. Si le fils du défunt sort dans les medias aujourd’hui, c’est qu’il souhaite à tout prix que personne n’ait à vivre ce qu’il a vécu.
«On était en dedans. On ne bougeait pas. On n’a pas la COVID. Mon père n’a pas la COVID et on était dans la chambre enfermée là. En tout cas, je trouve ça ordinaire.»
Près de deux semaines après le décès de son père, Ronald Doucet digère encore mal le traitement qu’il a reçu de la part du personnel de l’hôpital de Campbellton.
«Mon père était sur la morphine. De temps en temps, il essayait de forcer un œil, mais en dernier il commençait à se réveiller. On se disait lorsqu’il va se réveiller, on va jaser avec pour lui dire qu’il n’est pas seul » , poursuit-il.
Même si les visites sont interdites, on leur autorise d’être au chevet de l’octogénaire puisqu’il se trouve aux soins palliatifs.
« L’infirmière qui était là elle a dit qu’on pouvait coucher ici et qu’elle allait nous emporter un lit. Elle avait emporté le petit lit dans la chambre » , mentionne l’épouse du défunt, Anita Michaud.
Après quelques heures, le discours n’est plus le même lors du changement de quart de travail. Une infirmière leur demande de quitter.
«Ma mère était enragée. Elle a dit je ne sors pas. Elle a dit si ne voulez pas sortir, on va faire venir la sécurité(…) On s’est dit on va s’en aller. On reviendra demain » , se souvient monsieur Doucet.
Mais il sera trop tard. Le lendemain, Robert Doucet aura malheureusement rendu l’âme, seul.
« Si on avait été peut-être une demi-heure ou une heure de plus, il se réveillait. On aurait été capable de communiquer avec lui(…)J’aurais aimé lui dire qu’on l’aimait et qu’il n’était pas tout seul et qu’on l’accompagnait. »
Dans une résolution adoptée lors de la séance municipale de février, les élus de Saint-François d’Assise demande au CISSS que l’hôpital de Maria soit la référence jusqu’à la levée des mesures sanitaires.
«C’est inacceptable de voir des gens être abandonnés sur leur lit de mort par leur famille parce qu’on a des cadres qui n’ont aucun respect de la dignité humaine. Moi, je demande au CISSS qu’il rapatrie la population qui a besoin de soins à Maria » , exige le député péquiste de Bonaventure, Sylvain Roy.
« C’est sûr qu’il va y avoir d’autres cas. L’ambulance les amène là. Il va y avoir d’autres cas qui vont se produire et on ne veut pas que le monde ait la même chose que nous autres. Ce n’est pas drôle. Ce n’est pas le fun » , explique monsieur Doucet.
La Commissaire aux plaintes, le CISSS de la Gaspésie et le Réseau de santé Vitalité ont préféré ne pas commenter le dossier publiquement.