Dans L’Islet, c’est la déception et la résignation. Le passage en zone rouge frappe de plein fouet les restaurateurs de Saint-Jean-Port-Joli qui se préparent à une longue fermeture. Au café la Coureuse des Grèves, le branle-bas de combat était bien entamé ce matin. Les propriétaires ont décidé de ne pas renouveler l’expérience des commandes pour emporter. Tous les employés ont été invités à rester à la maison.

La copropriétaire Émilie Couillard s’inquiète pour la prochaine saison estivale. Les cuisiniers, notamment, sont une denrée rare. Certains d’entre eux pourraient maintenant se tourner vers d’autres options.

« Ce qui est le plus dur à titre de gestionnaire, c’est d’avoir à rassurer nos employés par rapport à ça parce qu’on n’en a pas de réponses. On ne sait pas non plus combien de temps ça va durer, et effectivement la crainte c’est que ces gens-là aillent chercher un emploi dans un autre domaine. » – Émilie Couillard, copropriétaire, café la Coureuse des Grèves.

La restauratrice comprend la décision du gouvernement. Elle est cependant très critique de la façon dont celui-ci a procédé à l’annonce. Mme Couillard s’attendait à la fermeture et avait même réduit de façon considérable son approvisionnement dans les dernières semaines. Mais elle ne s’attendait pas à devoir fermer aussi tôt. « Faire une annonce un vendredi soir à 16h, pour une fermeture imminente, deux jours plus tard… oui, c’est une grosse frustration. Moi je considère qu’on nous manque un petit peu de respect dans la bonne gestion de nos choses. »

Elle rappelle aussi que plusieurs étudiants ont besoin de ces quarts de travail la fin de semaine qui permettent de payer le loyer et le cellulaire.

La situation est différente pour Marc Drouin, le propriétaire du Porto Bellissimo. Son menu peut facilement se transposer en formule pour emporter et il compte bien poursuivre sur cette lancée. Son comptoir de pâtisseries demeure également ouvert. Il estime malgré tout que ses revenus ont diminué d’environ 60% depuis mars dernier.

Le passage au palier rouge déçoit aussi les élus de la MRC. En plus de la fragilité du système de santé, un autre facteur a pesé dans la balance selon le maire de Saint-Jean-Port-Joli, Normand Caron. La Sûreté du Québec rapporterait que de nombreuses personnes se trouvant en zone rouge quittent leurs domiciles pour aller souper au restaurant en zone orange.

« C’est sûr et certain que si on demande aux gens de la zone rouge de ne pas se déplacer,  au minimum dans les zones orange, bien ce n’est pas pour rien. C’est sûr qu’on paie le prix. » – Normand Caron, maire de Saint-Jean-Port-Joli.

Les citoyens de Saint-Jean-Port-Joli rencontrés lundi sont pour leur part résignés. Plusieurs d’entre eux s’attendent à une longue fermeture et ont soupé au restaurant cette fin de semaine, afin d’en profiter une dernière fois et d’encourager les commerçants locaux.