UBER viendra-t-il répondre à un besoin en Gaspésie ?
Publié le 1 septembre 2020 à 11:37, modifié le 1 septembre 2020 à 11:43
Par: Patrick Giguère
Après Québec, Montréal et Gatineau, UBER veut étendre ses activités à la grandeur du fleuron québécois, notamment en Gaspésie. Un modèle d’affaires bien accueilli par les élus de la région. Mais c’est à se demander si l’application répondra à un réel besoin dans la région.
UBER est prêt à rouler sa bosse dès cet automne dans les régions. Ce joueur du transport viendra-t-il toutefois combler un besoin ?
« La réalité aujourd’hui, le taxi c’est plus un transport adapté. Nous ici, depuis le début de la pandémie, il n’y a plus de services au privé. S’il y a un besoin, ça va marcher, mais s’il n’y en a pas, ça ne marchera pas » , admet le préfet de la MRC de Bonaventure et maire de la ville de New Richmond, Éric Dubé.
À la MRC Avignon, on croit que l’expansion du géant du covoiturage américain pourrait venir pallier la problématique de transport ou les services de taxis sont quasi-inexistants. « On est une culture de voiture, donc notre instinct est d’être tout seul dans notre voiture, mais on pourrait ramasser notre voisin pour faire des courses » , souligne le préfet suppléant de la MRC et maire de la municipalité d’Escuminac, Bruce Wafer.
Ce chauffeur de taxi se demande s’il y aura une rentabilité pour l’entreprise alors que les clients sont peu nombreux.« Les fins de semaine, je reste ouvert jusqu’à une heure du matin pour quatre à cinq voyages maximum. C’est juste pour donner le service et faire acte de présence » , dit Pierrot Leblanc de Taxi Porlier. Ce dernier indique qu’il travaille entre douze et treize heures par jour et peine à empocher 80 à 100 dollars par quart de travail.
UBER ne le cache pas. Il s’agit d’un défi, mais l’entreprise demeure optimiste. « Est-ce que la première semaine je peux vous garantir que le service va être fiable et que le client qui demande un transport va l’avoir à l’intérieur de quelques minutes, je ne peux pas vous le garantir » , précise le gestionnaire des affaires publiques d’UBER pour le Québec, Jonathan Hamel. Les futurs chauffeurs seront rémunérés à la course et choisiront eux-mêmes leur horaire.
Il faudra aussi charmer les Gaspésiens.« Si UBER donne plus d’avantages, on va prendre UBER sinon on va prendre le taxi » , lance une femme rencontrée dans le stationnement du Carrefour Baie-des-Chaleurs. « S’il vient à Paspébiac, je vais le prendre certain » , affirme une autre.
Avec une population vieillissante, les longues distances à parcourir et un réseau cellulaire déficient à certains endroits, UBER n’est pas une option accessible à tous.«On sait qu’on a une population qui est quand même plus âgée et plus vieillissante. Donc c’est un défi aussi pour notre milieu » , souligne monsieur Dubé.
«Je ne vois pas une personne de 80-85 ans prendre l’application UBER. C’est eux autres qui vont payer pour parce qu’un jour il n’y aura plus de taxis en région » , fait remarquer monsieur Leblanc.