Un projet-pilote pour la réintégration des femmes victimes de violence à Campbellton
Publié le 23 août 2018 à 17:58, modifié le 23 août 2018 à 18:00
Par: CIMTCHAU
Un nouveau projet-pilote qui permettra à des dizaines de femmes victimes de violence conjugale de réintégrer le marché du travail au fil des trois prochaines années vient d’être mis en place par un regroupement d’acteurs communautaires de la région de Restigouche grâce à une subvention du gouvernement fédéral de plus de 300 000$.
La Community Business Development Corporation, un regroupement d’acteurs communautaires à but non-lucratif situé à Campbellton au Nouveau-Brunswick, a annoncé le lancement de son projet-pilote qui vise à réintégrer des femmes victimes de violence hébergées à la Maison Notre-Dame de la région.
Le projet-pilote fait partie de la trentaine de projets qui verront le jour en lien avec la création du programme Promouvoir la santé économique des femmes mis en place par le ministère de la Condition féminine du Canada en octobre 2017. L’aide financière de 10 M$ prévue par Ottawa permettra de financer la trentaine de projets qui ont été déposés en 2017.
Selon l’une des agentes de la CBDC de Restigouche, Lisette Doucet, le projet permettra à l’organisme d’aider les femmes victimes de violence à retrouver graduellement leur repère.
« Développer du matériel pour être capable de répondre aux besoins qu’on va avoir été cherchés dans les sondages, puis dans les entrevues qu’on va avoir faites avec les femmes qui ont vécues de la violence, pour être capable d’augmenter leur estime de soi, leur confiance en soi », a expliqué Lisette Doucet.
Une aide plus que nécessaire
Selon la directrice et fondatrice de la Maison Notre-Dame située à Campbellton, Donna Cormier-Piette, l’aide financière qui a permis la création de ce projet est bien accueillie par les femmes qui résident dans ce centre spécialisé. Selon elle, les fonds permettront de faire un pont entre sa maison pour femmes victimes de violence et pour les entrepreneurs de la région.
Mme Cormier-Piette ne se cache pas que le travail sur le terrain ne sera pas de toute simplicité, puisqu’il faudra sensibiliser les acteurs quant à la fragilité de la confiance de ses femmes qui ont subies de la violence psychologique, physique voire même sexuelle.
« Selon les statistiques, une femme victime de violence conjugale aura subi jusqu’à 35 agressions avant de dénoncer. Il y a beaucoup de travail à faire », a-t-elle révélée.
Elle y voit toutefois une occasion en or pour sensibiliser les entrepreneurs, qui sont souvent des hommes qui se trouvent à la tête de la direction de l’entreprise.
« Souvent l’employeur n’est pas au courant des raisons pourquoi elles ne fonctionnent pas au travail, alors si on peut offrir des outils aux employeurs pour les sensibiliser à la problématique possiblement que ces femmes pourront maintenir leur emploi ou même en trouver un nouveau», a-t-elle ajoutée.
De son côté, le député libéral de Madawaska-Restigouche, René Arsenault, s’est dit heureux de l’investissement du ministère de la Condition féminine dans sa circonscription pour un projet de réintégration sociale comme celui proposé par la CBDC de Restigouche.
Ce dernier a tenu à souligner l’apport de son gouvernement dans l’atteinte de la parité entre les femmes et les hommes depuis l’arrivée du gouvernement de Justin Trudeau le 19 octobre 2015.
«On se souviendra Justin Trudeau avait proposé un conseil des ministres à parité des genres dès son entrée en mandat. Aujourd’hui, on voit un regain de confiance des femmes au sujet du marché du travail et au sujet de leur place dans la société. Ça n’a pas commencé aujourd’hui, ça n’a pas commencé avec le gouvernement Trudeau, ça la commencé depuis bien longtemps», a soutenu le député libéral présent à la conférence de presse.
Le projet est toujours à un état embryonnaire jusqu’à maintenant, mais plusieurs acteurs ont manifesté de l’intérêt à y participer. C’est notamment le cas de la Chambre de commerce qui compte plus de 200 membres dans la région visée.
Selon le directeur général, Michel Guitard, lors d’un premier sondage du projet-pilote auprès de certaines entreprises de la région, les chefs d’entreprises se sont dits plutôt ouverts à prendre sous leur aile des femmes qui ont été victimes de violence.
On s’attend à ce que les résultats soient significatifs à la fin du projet-pilote qui s’échelonnera sur les trois prochaines années.