Si personne au gouvernement n’a prononcé le mot « austérité », le monde collégial commence à croire que la tendance aux compressions budgétaires s’acharne sur lui. Dans la région, après avoir reçu la nouvelle que le Cégep de la Gaspésie et des Îles devra fonctionner avec 650 mille dollars en moins à son budget, c’est au tour des 3 centres en transfert technologique d’apprendre qu’ils devront se passer de 250 mille dollars au total.

« Ce qu’on a reçu comme explication, c’est que le ministère devait couper. Ils ont choisi de couper dans ce poste-là. Au-delà de ça, on n’a pas eu d’explications. », explique Pierre-Luc Gagnon, directeur général au CIRADD, de Carleton-sur-Mer.

Le ministère de l’Économie a fait l’annonce, au cours des derniers jours, que 20% du budget total consacré à la recherche collégiale disparaîtra. Une décision sans préavis. Elle choque les acteurs du milieu.

« Surtout dans le contexte actuel où il y a une guerre tarifaire avec le Canada… Le Québec doit se positionner par rapport aux États-Unis et par rapport à l’ensemble du monde. On entendait récemment qu’il y avait des enjeux au niveau de la productivité de l’innovation. Donc, ce n’est peut-être pas le bon moment pour procéder à cette coupe-là. », poursuit le chercheur.

Dans la région, le manque à gagner sera de 86 mille dollars pour les trois centres collégiaux en transfert technologique : le centre en énergies renouvelables Nergica à Gaspé, Merinov à Grande-Rivière et le Centre d’initiation à la recherche et d’aide au développement durable, situé à Carleton-sur-Mer. Tous apportent, à leur manière, des solutions innovantes au PME de la région.

« Nous… Il faut continuer à se concentrer sur le service aux petites et moyennes entreprises. Sur l’aide technique et d’innovation… On doit voir avec nos partenaires, avec nos partenaires d’affaires, de voir comment on peut, comment on pourra continuer à innover, dans le futur pour la transformation et l’innovation dans les entreprises. », nous explique Charles Flageole, coordonnateur en recherche et innovation au Cégep de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine.

Dans la Baie-des-Chaleurs, le CIRADD, par exemple, participe activement à trouver des solutions à l’érosion côtière, en transport collectif… et, nous en parlions dernièrement, essaie d’imaginer à quoi ressemblera la Gaspésie dans les prochaines années en animant des ateliers citoyens. Des projets comme ces derniers pourraient devenir moins nombreux.

« C’est toujours difficile lorsqu’on coupe dans les budgets. Imaginez si on devait couper 20 % dans nos finances personnelles… Ça aurait un impact significatif. Pour nos CCTT, c’est le même impact. Ce n’est pas évident. », nous dit monsieur Flageole.

Notons que les subventions, dont bénéficient les CCTT, allouées par le ministère de l’Enseignement supérieur, resteront en place. Pour le moment, on ne parle pas de suppressions de postes… du moins, on ne veut pas y arriver. Mais il faudra revoir complètement les budgets qu’on était à préparer, il y a encore quelques jours.