Un immeuble où ça brassait depuis un bon moment. Bagarres, individus menottés, visages amochés, va-et-vient constant… Un résident, qui préfère garder l’anonymat, affirme qu’en une seule soirée, il voyait « entre cinq et quinze voitures… qui ne restaient pas plus de cinq minutes devant l’immeuble ».

Pour l’ex-enquêteur du SPVQ Roger Ferland, cette perquisition n’a rien d’un hasard.

« Depuis les dernières semaines, les organisations policières ont modifié leur façon de faire, et ont multiplié les perquisitions et les frappes envers des trafiquants. Peu importe la couleur à qui ils paient leurs taxes », affirme-t-il.

Selon lui, la montée des plus petits joueurs entraîne inévitablement une recrudescence de la violence.

« Oui, il y a eu beaucoup de règlements de compte ces dernières semaines : des incendies criminels, des bagarres, des voies de fait gratuites qui sont commises dans plein d’endroits. Et on le fait parce qu’on se rend compte que les individus ne sont pas fidèles à une telle organisation », explique-t-il.

Dans le paysage criminel, un nom revient de plus en plus souvent : la Blood Family Mafia. Ce gang, qui semble gagner du terrain dans l’est du Québec, avait déjà été visé en janvier dernier. Une frappe policière à Rivière-du-Loup et à Québec avait mené à l’arrestation de Maxime Lagacé, accusé de trafic et de possession d’armes prohibées. Il doit comparaître en juillet.

Est-ce que la perquisition de ce matin est liée au BFM? Impossible de le confirmer pour l’instant.

« Il y a eu des logos qui ont été faits, indiquant BFM, des chandails par exemple. Mais c’est beaucoup plus un amalgame de tous ces nouveaux joueurs qui sont anti-Hells Angels, en fait », précise Roger Ferland.

Cette montée de la violence serait aussi alimentée par une nouvelle génération de trafiquants, influencée par ce qu’elle voit sur les réseaux sociaux.

« Il y a un nouveau mode d’influenceurs en ce moment. Plein de nouveaux trafics de drogue apparaissent, en pensant qu’il n’y a plus de travail à faire pour se rendre là. Ce n’est pas vrai du tout. Il y a eu du sale boulot de fait pendant des années par le monde du crime organisé, et là, on est rendu à ça », conclut-il.