Mardi matin à Campbellton et c’est la cohue dans cette station d’essence. Si on se bouscule pour faire le plein, c’est parce que depuis minuit, la taxe carbone canadienne a disparu. Résultat, le prix du litre d’essence est définitivement plus bas qu’hier… en moyenne 20 sous de moins. Il faut remonter à 2022 pour voir un prix aussi bas à la pompe.

« Ça fait du bien. Ça fait vraiment du bien. Avant, tu allais faire le plein du côté du Québec? Oui… Je traversais juste de l’autre côté, c’était pas mal moins cher. », nous dit ce jeune conducteur néobrunswickois, croisé à une station-service de Campbellton.

Facile d’avoir le sourire quand on sait qu’un plein de 50 litres peut vous faire économiser 10 dollars sur le prix payé la veille.

« Ça fait du bien aux portefeuilles… Avant, quoi, vous alliez au Québec pour avoir des meilleurs prix? Oui. Là, on peut rester du bord du Nouveau-Brunswick. », ajoute cette résidente de Campbellton, au volant de sa voiture.

Des résidents de la Baie-des-Chaleurs ont donc profité de cette aubaine pétrolière pour faire des économies.

« J’avais un Ford F-150… Ça en prenait de l’essence. Mais pourquoi est-ce qu’il n’y a rien que le Québec qui veut écouter tout ça? (…) La plupart du temps, quand je viens à Campbellton, tu peux être certain que je m’arrange pour être vide pour pouvoir remplir ici. », avoue ce résident de la Baie-des-Chaleurs.

Si le Québec ne bénéficie pas de ce rabais de pétrole, c’est parce que la Belle province dispose de sa propre tarification du carbone. Une injustice pour plusieurs consommateurs… et une menace économique pour certains vendeurs d’essence québécois aux limites des deux provinces.

« C’est sûr que 20 sous de différence, c’est quand même une grosse grosse différence pour les clients. C’est normal pour les gens d’aller où on peut sauver. C’est tout à fait normal. C’est certain qu’on ne sait pas… On va voir dans les prochaines semaines, ce qui va se passer, mais c’est certain qu’on va avoir des grosses pertes à prévoir. », soupire ce propriétaire de station-service à Pointe-à-la-Croix, située à moins de 500 mètres du pont Interprovincial.

Quant aux gros transporteurs du Québec, l’impact est diminué en raison de tarifs qui leur permettent de bénéficier de rabais pré- établis.

« On est encore au Québec… Nous autres, étant donné qu’on achète en grande quantité… Comme compagnie, ils font des rabais. En grosse quantité, pour les compagnies de camion, ils ont déjà des rabais de moins que l’essence normale. », sourit ce camionneur, croisé dans le stationnement d’un commerce à grande surface de Campbellton.

Il faudra voir quel sera l’impact à long terme sur la Gaspésie de cette initiative. Les touristes estivaux pourraient-ils être tentés, par exemple, de se diriger vers les provinces de l’Atlantique pour des économies de transport… plutôt que de venir visiter la région, où l’essence continuera, vraisemblablement, à grimper.