Noyade à Auclair : une « drogue de rue » à l’origine d’une perte de conscience
Publié le 19 mars 2025 à 09:56, modifié le 19 mars 2025 à 09:57
Par: Catherine Pellerin

La femme de 37 ans qui s’est noyée dans le Grand lac Squatec au Témiscouata, en juillet dernier, a subi en fait un malaise après avoir consommé une « drogue de rue ». C’est ce qu’on peut lire dans le rapport de la coroner, qui a été rendu public.
Lucie Sénéchal, qui était répartitrice au 911, avait été retrouvée inconsciente dans une zone peu profonde du lac, près de sa planche à pagaie. Elle ne portait pas de veste de flottaison.
À la suite de l’analyse toxicologique, la coroner a conclu que la victime a subi une perte de conscience provoquée par l’interaction de kratom avec des médicaments psychotropes, pour traiter un trouble déficitaire de l’attention, la dépression ou l’anxiété. Le kratom est une plante issue d’Asie du Sud-Est, un produit naturel dont les effets s’apparentent aux opioïdes.
« Mme Sénéchal, à titre de médicament, prenait du phénylphénidate qui est un psychostimulant. Lorsqu’utilisés simultanément, le kratom, sa mitragynine et le phénylphénidate peuvent nettement augmenter le risque d’arythmies cardiaques ainsi que celui des convulsions. D’ailleurs, il est formellement recommandé de ne pas faire l’usage simultané de ces produits. De plus, la présence du bupropion abaisse le seuil convulsif facilitant la survenue de convulsions. Le bupropion était présent dans le sang lors de l’expertise toxicologique et à une concentration thérapeutique élevée », peut-on lire dans le rapport.
« Il n’y a pas eu de témoins pouvant relater comment se sont produites la perte de conscience et la chute dans l’eau. La durée de l’immersion n’a pas été très longue, semble-t-il, mais pourrait être suffisante pour un décès par noyade si le cœur était déjà en souffrance en raison d’une arythmie cardiaque maligne. Toutefois, il est impossible de préciser si c’est une arythmie cardiaque maligne ou une crise convulsive qui est à l’origine de sa perte de conscience. En revanche, il m’apparaît évident que le kratom et sa mitragynine, associés aux médicaments utilisés par Mme Sénéchal soient à l’origine de sa perte de conscience et de son décès, car elle n’avait pas d’antécédents médicaux ni d’anomalies anatomiques à l’autopsie ayant contribué au décès ou pouvant l’expliquer », explique la Coroner.