Un pompier veut aider à lutter contre le stress post-traumatique des premiers répondants
Publié le 4 mars 2025 à 17:44, modifié le 4 mars 2025 à 17:44
Par: Catherine Pellerin
Les premiers répondants doivent souvent composer avec des scènes d’horreurs et des images difficiles à oublier. Un pompier la région de Rivière-du-Loup veut faire sa part pour aider à lutter contre le stress post-traumatique chez les intervenants d’urgence.
« J’ai arrêté pendant un an environ pour reprendre du service graduellement en 2022 », raconte François Viel, qui est lieutenant et chef aux opérations du Service incendie de Saint-Antonin.
Il fait partie des pompiers, policiers et paramédics qui ont subi des symptômes de stress post-traumatique. D’être confronté à répétition notamment à des accidents graves sur la route 185, l’a amené à s’isoler.
« Les accidents qu’on a vus à l’époque, c’étaient des situations qui n’étaient pas faciles à voir à ce moment-là. C’est un bagage des 20 dernières années qui m’a amené là, si on veut. Dans mon cas, c’était une accumulation de situations qu’on n’a jamais ventilées, parce que c’était comme ça », explique-t-il.
Selon une étude réalisée il y a quelques années, 45 % des premiers répondants souffrent d’au moins un problème de santé mentale.
« Pour avoir jasé avec beaucoup de pompiers, il y en a qui voient des flashs, il y en a qui vont avoir des cauchemars », mentionne M. Viel.
Selon le médecin psychiatre Jean-François de la Sablonnière, ce trouble sévère peut nécessiter des soins médicaux de 2e ligne.
« Le travail des premiers répondants, il est essentiel, il est fondamental à notre société. Ce sont des gens qui vont être exposés à des situations à très fort potentiel traumatique. Par chance, ils sont souvent capables de s’y adapter, de survivre et de trouver le sens de leur travail dans ce qu’ils font. Mais quand ils sont blessés, que c’est dur et qu’on a besoin d’être là! Oui, on est là pour eux », affirme-t-il.
Il explique aussi que des facteurs peuvent conduire les intervenants d’urgence à s’identifier à la victime.
« Si par exemple, on doit intervenir et que des enfants qui ont l’âge de notre propre enfant, ça vient augmenter le pouvoir traumatique de l’événement. »
François Viel tente aujourd’hui d’aider d’autres pompiers. Il a notamment donné quelques conférences, pour raconter son histoire.
« Ça me touche dernièrement de savoir qu’encore deux pompiers se sont suicidés suite à des syndromes », confie-t-il.
« Je dis souvent si tu n’as pas à voir, ne fais pas exprès pour aller voir. Il y a plein de tâches sur une intervention à faire. Il ne faut pas faire exprès pour s’entrer des images qui ne sont pas nécessaires », poursuit M. Viel.
L’homme de 49 ans s’est aussi lancé le défi de faire le trajet à vélo entre Lévis et Rivière-du-Loup en août prochain. Il est présentement à la recherche de partenaires pour son projet, qui vise à récolter des fonds. Il compte aussi continuer d’effectuer de la sensibilisation, pour rendre moins tabou la santé mentale des premiers répondants.
« On se pense fort devant ces situations-là, mais il ne faut pas avoir peur, il faut lever le drapeau rouge et le dire quand on a besoin d’aide », conclut-il.