Une septuagénaire de Chandler veut sensibiliser la population aux fraudeurs
Publié le 3 mars 2025 à 16:55, modifié le 4 mars 2025 à 12:38
Par: Patrick Giguère
Une septuagénaire de Chandler est tombée dans le piège de fraudeurs la semaine dernière. En ce mois de la prévention de la fraude, Francine Lafontaine veut sensibiliser ses concitoyens à se méfier davantage.
« Si ça n’avait pas été de la caisse qui m’a appelé, j’aurais jamais allumée. Jamais je n’aurais pensé qu’une chose comme ça pouvait m’arriver », affirme Francine Lafontaine, qui a été contactée par son institution financière qui s’est aperçue que quelque chose ne tournait pas rond dans son compte bancaire.
Mercredi après-midi, celle qui se décrit comme une personne qui n’est pas dépensière reçoit un coup de fil d’un prétendu enquêteur de police de Gatineau lui annonçant qu’un achat frauduleux venait d’être effectué avec une de ses cartes de crédit.
« C’était dans un Canadian Tire au montant de 2000$. Moi, je ne suis jamais allée à Gatineau, mais il disait que je m’étais fait pirater ma carte » , se rappelle-t-elle.
Son interlocuteur l’informe qu’elle doit sans tarder déposer ses cartes de crédit dans une boite à l’extérieur pour qu’un de ses collègues enquêteurs puisse venir les récupérer et régler le problème.
Sous l’énervement, la septuagénaire dépose plutôt sa carte de guichet et son permis de conduire.
Moins de deux heures plus tard, un homme avec un faux badge s’est présenté à son domicile pour récupérer le tout.
Jamais la septuagénaire n’a décelé l’arnaque.
« Mais vue que tu penses que tu parles avec la Sûreté du Québec, tu te dis que t’es en sécurité, mais pendant tout ce temps-là, c’est une belle fraude », ajoute la victime.
Les escrocs se sont par la suite rendus dans une institution financière pour y retirer mille dollars avant d’y effectuer des achats dans des commerces de la ville. Montant de la fraude : un peu plus de 1400 dollars.
La carte de débit a finalement été bloqué par Desjardins.
La Sûreté du Québec a les suspects sur caméra. L’enquête se poursuit.
IA en forte hausse
Les fraudes amoureuses, en lien avec les services et les investissements arrivent dans le top 3 dans la dernière année.
Mais ce qui gagne en popularité, ce sont les arnaques avec l’aide de l’intelligence artificielle, qui permet d’imiter une voix de personne.
« Et après c’est d’appeler la famille de celle-ci pour dire que vous avez besoin d’aide, vous êtes pris dans un incident et vous avez besoin d’argent. Il y a eu des cas au Québec. (…) La meilleure défense par rapport à la fraude humaine c’est de former les gens, les informer par rapport à ces risques », mentionne le professeur et directeur à la Chaire de recherche institutionnelle sur la cyberdéfense et la protection des données personnelles à l’UQAC, Fehmi Jaafar.
La femme de 71 qui a une vie calme et rangée n’est plus la même depuis les événements.
« Je vis un drame depuis ce temps-là. Je suis nerveuse, j’ai peur. Quand je vais faire mes commissions je me demande toujours si ce n’est pas eux autres qui sont en arrière de moi. »
Francine Lafontaine désire maintenant que son histoire puisse servir de leçon aux autres femmes, afin qu’elles redoublent de prudence.
« Ce sont toutes des menteries (…) Je peux vous dire une chose : ce sont des bons parleurs. Mais ce qui est dommage, c’est qu’ils détruisent des vies, c’est terrible, nous sommes des personnes âgées » , mentionne Mme Lafontaine, avant d’éclater en sanglots.
Les aînés sont sensibilisés aux dangers
La directrice de la FADAQ de la Gaspésie-Les-Îles affirme qu’il ne se passe pas une journée sans que les postes de la police de la région ne reçoivent pas de plaintes pour ces types de fraude.
Marylin Arsenault affirme que des ateliers sont offerts gratuitement dans les milieux pour aînés afin d’aborder ce fléau. Cette dernière affirme que les personnes vulnérables sont maintenant capables de détecter plus rapidement les arnaques.
« On en parle beaucoup depuis quelques années. Les gens sont vraiment sensibles à ça et ils développent de plus en plus leur côté critique face à ça. On voit de beaux résultats et lors de nos rencontres les gens partagent entre eux des situations », poursuit la gestionnaire.
Mme Arsenault rappelle quelques conseils afin d’éviter de se faire avoir.
« Si on ne connait pas la personne, on encourage vraiment les gens à être vigilants et de ne pas accepter des amis sur les réseaux sociaux qu’on ne connait pas, de ne pas répondre aux courriels et de ne pas cliquer sur les liens qu’on reçoit par textos » , rappelle Mme Arsenault, qui invite les aînés à ne pas hésiter à communiquer avec une personne de confiance en cas de doute.