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Des citoyens préoccupés par le sort de quelques oies blanches

Publié le 19 novembre 2024 à 17:13, modifié le 19 novembre 2024 à 17:21

Par: Catherine Pellerin

Quelques oies blanches, qui sont peut-être blessées, ont attiré l’attention de plusieurs curieux cet été près du quai de Rivière-du-Loup. Elles n’ont toujours pas effectué leur migration comme les autres. À l’approche de l’hiver, des citoyens s’inquiètent pour leur sort.

 

Des milliers d’oies blanches se sont reposées en bordure du fleuve avant de s’envoler vers les États-Unis dans les dernières semaines. Toutefois, un petit groupe ne semble pas prêt de partir.

« La grande inquiétude, c’est de savoir ce qu’il va leur arriver cet hiver? Lorsqu’il y aura de la glace partout, de la neige? », se questionne un résident de Rivière-du-Loup, Gaétan Plourde.

Depuis ce printemps, plusieurs citoyens observent ces six oiseaux dans ce secteur. « Beaucoup de gens viennent les nourrir et les ont approchés tout l’été. C’est ce qui est fascinant quand même, je trouve ça inhabituel. C’est la première fois que je vois ça au quai de Rivière-du-Loup », affirme M. Plourde.

Les oies blanches, qui sont des oiseaux migrateurs, sont en fait de juridiction fédérale. Environnement et Changement climatique Canada explique qu’il est « plausible que quelques oiseaux aient été atteints par des projectiles et aient réussi à regagner la sécurité du fleuve avant que les chasseurs aient pu les récupérer. »

Par courriel, le porte-parole mentionne également qu’il est préférable de tout simplement laisser faire la nature dans ce genre de situation.

« Nous recommandons généralement aux citoyens de ne pas tenter de récupérer les oiseaux malades ou blessés et laisser la nature faire son œuvre. »

Dans le cas d’un oiseau migrateur blessé, les citoyens peuvent tout de même procéder, sans permis, à leur récupération à condition « que ce soit pour remettre les oiseaux blessés dans les meilleurs délais à un centre de réhabilitation dûment autorisé par le gouvernement fédéral », nous répond Environnement et Changement climatique Canada.

Pierre Legagneux, un professeur en biologie à l’Université Laval qui étudie cette espèce, fait la même analyse. « Mon analyse, c’est que ce sont des oies qui ont été blessées à la chasse, et qui ne sont pas capables de voler, d’effectuer leur migration et qu’elles sont restées. Ce sont des choses qu’on voit quand même assez régulièrement », explique-t-il.

Selon cet expert, la population a longtemps été considérée surabondante. Des mesures de gestion ont été adoptées en 1999 pour permettre la chasse au printemps, question d’éviter que leur nombre explose.

« C’est ce qui a mené à une stabilisation de la population. Là, on est exactement dans les objectifs de gestion de la population, autour de 600 000 individus. »

M. Legagneux considère qu’il est plutôt rare que ces volatiles soient soignés et réhabilités dans un refuge autorisé par le fédéral.

« Les oiseaux se remettent assez mal des factures. S’il y a un plomb qui a atteint l’os par exemple, ça peut amener une fracture et ça empêche les individus de voler. Ça ne se voit pas forcément, ces individus sont capables quand même de marcher et de s’alimenter, mais ce sera difficile de migrer », poursuit-il.

Pourront-elles survivre?

« Il y a peu de chances qu’elles survivent; la seule façon qu’elles peuvent survivre, c’est si on les nourrit, si les hivers sont rigoureux », estime M. Legagneux.

Dans les dernières semaines, elles ont commencé à casser la glace sur le sol pour s’abreuver. Selon le professeur en biologie, il n’est pas encore trop tard pour effectuer leur migration.  Tant qu’il n’y a pas de neige au sol, il est toujours possible que ces oies blanches aient simplement décidé de continuer de s’alimenter, avant de poursuivre leur long périple.

« Elles ont pris beaucoup de poids, elles se nourrissent très bien, elles n’ont pas l’air blessées. Elles réussissent encore à se déplacer », observe Gaétan Plourde, qui garde espoir.

Une autre hypothèse est également soulevée. Chaque année, quelques oies des neiges nichent à la Batture aux Loups Marins, au large de Saint-Jean-Port-Joli. Une dizaine de nids sont observés environ par année. Il s’agit toutefois d’un site de nidification très atypique pour l’espèce.

« On suspecte que la situation a commencé par des oiseaux blessés au printemps qui ont trouvé refuge sur cette île et y ont trouvé les ressources nécessaires pour mener à terme leur couvée. Une partie de leur descendance aurait ensuite perpétué une présence de nidification à cet endroit en y revenant aux années suivantes, expliquant pourquoi on trouve des individus en bonne santé à cet endroit l’été », précise Environnement et Changement climatique Canada.

Pierre Legagneux n’écarte pas la possibilité que ces quelques oies proviennent de cette colonie, qui arrive plus tôt au printemps et qui repart tardivement à l’automne.