Le Cégep de Rivière-du-Loup aux prises avec des compressions budgétaires
Publié le 11 novembre 2024 à 17:34, modifié le 11 novembre 2024 à 17:34
Par: Ariane Boyer
Les cégeps et universités du Québec subissent une nouvelle vague de compressions budgétaires. Le gouvernement provincial a annoncé cet été des réductions pouvant atteindre 50 % des budgets d’infrastructures, une situation qui inquiète profondément les acteurs du milieu de l’éducation.
Pour Youri Blanchet, président de la Fédération de l’enseignement collégial, la situation est sans équivoque : « Il y a toutes sortes de manières d’appeler les choses, mais on va appeler un chat un chat. Ici, on a vraiment des coupures qui ont été effectuées au réseau. » Selon lui, ces compressions révèlent une volonté du gouvernement de privilégier des solutions à court terme pour atteindre l’équilibre budgétaire, au détriment de l’éducation.
Isabelle Cloutier, nouvelle directrice générale du Cégep de Rivière-du-Loup, fait face à des défis qu’elle ne s’attendait pas à rencontrer si tôt dans son mandat. « Ça fait, surtout un message à la population où on dit que l’éducation, ce n’est pas important », déplore-t-elle. Les projets de développement pour les deux prochaines années sont suspendus, et plusieurs rénovations seront reportées. Les chambres des résidences étudiantes et les tuyaux vétustes datant de 1969 devront attendre des jours meilleurs.
Les fonds disponibles pour les travaux d’infrastructure étant coupés de moitié, Mme Cloutier est préoccupée par l’avenir des bâtiments du cégep. « On le sait que pour deux ans on va avoir 50 % de notre budget qui serait disponible et ce 50 % -là il est déjà utilisé dans la rénovation des façades de la résidence », explique-t-elle. Bien que l’indice de vétusté des infrastructures demeure acceptable pour l’instant, elle craint que cette situation se détériore : « Je peux garantir que l’indice de vétusté va aller en montant et que l’on va prendre un recul. »
Les compressions touchent aussi les ressources pédagogiques. Si le cégep parvient cette année à financer les travaux déjà effectués, Mme Cloutier précise qu’il n’est pas question de se lancer dans de nouvelles dépenses, même pour des achats de base comme les livres de la bibliothèque. Youri Blanchet souligne que « ce n’est pas juste le béton, c’est les livres, c’est les équipements pédagogiques, c’est les équipements qu’on a besoin pour former nos étudiants et étudiantes, mais aussi pour de nouveaux programmes ».
À ces réductions budgétaires s’ajoute un gel des embauches imposé par le Conseil du trésor. Cela signifie que les établissements devront se débrouiller avec un personnel limité, ce qui risque d’affecter la qualité des services offerts aux étudiants. « Moi il est hors de question de sacrifier la sécurité, il est hors de question qu’on négocie la qualité de l’enseignement qu’on va faire faire », affirme Mme Cloutier.
Pour Youri Blanchet, cette situation est temporaire, et il s’attend à ce que le gouvernement ajuste sa stratégie en période électorale. « Je n’oublierai pas quand qu’on va offrir des cadeaux que le chéquier va être ouvert avant les prochaines élections, parce que c’est sûr que c’est ce qui va arriver », conclut-il.