Quai de Rivière-du-Loup : des travaux de dragage avec plusieurs restrictions
Publié le 8 octobre 2024 à 17:33, modifié le 8 octobre 2024 à 17:37
Par: Catherine Pellerin
Les travaux annuels de dragage au quai de Rivière-du-Loup sont en cours depuis deux semaines. Plusieurs contraintes sont imposées à la Société des traversiers du Québec.
La STQ s’attend de draguer cette année environ 44 169 mètres cubes de sédiments, dont la majorité sont rejetés un peu plus loin dans le fleuve, dans une aire autorisée.
Un volume de 1000 m³ de sédiments contaminés doivent aussi être dragués. Cette tâche est effectuée entre le 1er et le 12 octobre. Ces sédiments sont transportés par camion sur un site de dépôt autorisé par le ministère de l’Environnement.
Les travaux ont débuté le 23 septembre et doivent durer entre à 4 et 6 semaines.
« Chaque année, la STQ demande une autorisation auprès de MPO selon Loi sur les espèces en péril pour effectuer du dragage entre le 20 septembre et le 30 septembre. Pendant cette période, le dragage est autorisé pour une période de 12 h par jour », explique la STQ.
Depuis le 1er octobre, le dragage peut toutefois être effectué jour et nuit. Une opération qui coûte en moyenne 1,5 M$ par année. Ces coûts peuvent varier, en raison de la météo ou de la présence de bélugas. La facture finale sera connue à la toute fin de l’intervention.
Éviter de nuire aux bélugas
Ce mardi, plusieurs bélugas étaient justement à proximité. Dès que l’un d’eux s’approche à moins de 400 mètres, les équipes s’arrêtent. La STQ dispose de 3 hydrophones près du quai de Rivière-du-Loup et des surveillants scrutent constamment le fleuve.
« Les travaux sont à l’arrêt immédiatement et reprennent une fois qu’il aura quitté le site. C’est la même procédure au site de rejet en mer », affirme la STQ.
L’objectif : éviter les collisions avec des mammifères marins et minimiser les impacts du bruit.
« Beaucoup d’animaux qui vivent dans l’eau sont sensibles aux sons. Ça peut les déranger, changer leurs comportements, les empêcher de communiquer ensemble. Ça peut aussi générer un stress qui devient chronique quand un son est prolongé dans un milieu », détaille Sami Wagner-Beaulieu. Le chargé de projet pour le ROMM s’occupe des équipes de surveillant de mammifères marins.
Le Réseau d’observation des mammifères marins est régulièrement mandaté pour effectuer de la surveillance lors de ce genre de travaux.
« C’est important lorsqu’il y a des travaux de s’assurer qu’il n’y ait pas de présence d’animaux, pour éviter des blessures ou des impacts majeurs », soutient William Grenier, directeur de projet pour le ROMM.
« On a la bonne vieille méthode : une paire de jumelles, un observateur, un bout de quai. On scrute l’horizon. Même si ça peut paraître banal comme travail, c’est assez épuisant parce qu’on est soumis aux conditions météos et il faut rester attentif tout le temps tout le temps », ajoute-t-il.
C’est pourquoi des micros sous l’eau sont aussi utilisés. « C’est comme des yeux sous l’eau, mais qui nous permettent de détecter les animaux. Les animaux marins ont tendance à passer beaucoup de temps sous l’eau. Même au visuel, on peut en manquer », explique Sami Wagner-Beaulieu.
Des caméras thermiques peuvent aussi être un outil intéressant, mais il y a certains désavantages. « La nuit, c’est comme si c’était le jour, mais dès qu’il y a de l’humidité, c’est comme s’il y avait du brouillard. Donc on voit un peu moins », soutient M. Grenier.
Une formation de 75 heures pour accomplir le travail de surveillant de mammifères marins est offerte depuis ce printemps au Cégep de La Pocatière.