Dans les coulisses d’une usine de traitement des eaux usées
Publié le 3 septembre 2024 à 17:01, modifié le 3 septembre 2024 à 17:10
Par: Catherine Pellerin
Que se passe-t-il avec vos eaux usées? Notre équipe a eu accès à l’usine de traitement de la Ville de Rivière-du-Loup. Une visite qui nous a permis de constater la présence de nombreux déchets dans le réseau d’égouts.
Bien des citoyens prennent encore leur toilette pour une poubelle, ce qui a des impacts pour bien des municipalités.
« Des serviettes, des gants, on peut trouver de tout de toutes sortes de choses, c’est encore à se demander comment ça fait pour se rendre là », témoigne Marie-Michèle Pelletier, qui est opératrice en gestion de l’eau et chef d’équipe à Rivière-du-Loup.
« On trouve des têtes de moppe, des serviettes, le pire c’est vraiment des lingettes. Ça bourre nos pompes », ajoute Rose Senneville, ingénieure adjointe pour la Ville.
Avis aux cœurs sensibles, les images qui ont pu être captées par le caméraman de CIMT-TVA sont plutôt répugnantes.
« Toutes les eaux usées de la Ville arrivent par ici et ça passe par le dégrilleur », explique Mme Senneville.
Essuie-tout, cure-oreille, bas de nylon et tissus de toutes sortes…ces intrus dans les eaux usées passent avant par le réseau de conduites de plus de 200 kilomètres et par l’une des stations de pompage.
« Ça coince nos pompes et ça peut même les faire brûler. On est obligé de les envoyer en réparation. Ce sont des coûts encore très dispendieux. Sinon, il faut faire changer les pompes complètement », affirme Mme Pelletier.
La ville récupère un conteneur de déchets par semaine. « C’est ce que le dégrilleur est capable d’arrêter », précise l’opératrice en gestion de l’eau.
Le sable et les roches qui se déposent au fond sont retirés. Les bactéries dégradent ensuite la matière dans les étangs aérés, un processus qui peut prendre jusqu’à une vingtaine de jours.
Des déchets, qui ont pu passer, se retrouvent sur le bord des étangs, comme des applicateurs de tampons en plastique. La plupart des détritus se déposent au fond des bassins.
« Ça va amener des coûts supplémentaires au niveau des traitements parce que les étangs ont besoin quand même d’un volume utile pour le traitement biologique »
Présentement, les boues qui s’accumulent dans les étangs en raison des matières indésirables doivent être extraites une fois par année. Elles sont entreposées pendant environ un an dans des lits de séchage, soient d’immenses sacs noirs.
L’extraction des boues représente des coûts importants pour la Ville, qui peut tout de même les revaloriser.
Les boues servent aux agriculteurs, qui en font l’épandage. Encore faut-il toutefois qu’elles répondent aux normes.
« On fait vraiment des analyses chimiques au niveau du contenu des boues. Si les gens se mettent à jeter n’importe quoi dans l’eau usée, peut-être qu’on ne sera plus en mesure de valoriser ces boues là », estime Rose Senneville.
Et l’eau subit, en terminant, un procédé physico-chimique unique au Québec. Rivière-du-Loup fait en effet partie d’un projet pilote. Ce traitement très performant permet que le liquide rejeté dans le fleuve soit encore davantage de meilleure qualité. Il permet aussi à la Ville d’augmenter considérablement sa capacité de traitement.
En moyenne, 12 mille mètres cubes d’eaux usées sont traités par jour à Rivière-du-Loup. Le constat est clair : les opérations pourraient coûter bien moins cher aux contribuables.
« Quand il y a des choses que c’est écrit sur le paquet « ne pas jeter dans la toilette », ce n’est pas parce qu’on la met dans la toilette que c’est disparu », conclut Marie-Michèle Pelletier.