Contrôle de la population des phoques : un comité sénatorial tire à boulets rouges sur le MPO
Publié le 24 mai 2024 à 15:53, modifié le 24 mai 2024 à 15:53
Par: Louis-Philippe Morin
Un comité sénatorial montre du doigt le MPO pour sa mauvaise gestion de la population de phoques… et dénonce l’impact qu’il a eu sur l’industrie des pêches et les écosystèmes marins de l’Est du pays. Le document écorche le gouvernement, mais n’émeut pas les chasseurs de phoque du Québec. Le volumineux document fait un peu plus de 80 pages. Bien que les recommandations ont du mordant, les chasseurs de phoques du Québec croient qu’on aurait pu aller plus loin et éviter les répétitions d’un autre rapport déposé en 2012 qui arrivait sensiblement aux mêmes conclusions.
Dans un rapport intitulé « Assurer l’avenir de la chasse au phoque : passons à l’action », le Comité sénatorial des pêches et des océans conclut que le gouvernement fédéral n’a pas su gérer les populations de phoques ou la chasse qui l’encadre. Un document acide… mais qui laisse les chasseurs de phoques québécois sur leur appétit…
« C’est un dossier qui est politique à 95%. Que tu y mettes la science qui tu veux, quand tu prends des décision politiques et irrationnelles, ça ne donne quasiment rien de travailler, de mettre de l’argent sur du rationnel. », soupire Gil Thériault, directeur du regroupement Chasseurs de phoques intra-Québec.
Les conclusions du rapport sont dures envers le gouvernement et le MPO. Les sénateurs se disent étonnés du manque de données scientifiques qui lient la population de phoques à la diminution de plusieurs espèces de poissons ou de crustacés… un fait pourtant dénoncé par des chasseurs et des pêcheurs.
« On sait que ce qui cause le plus gros problème, actuellement, c’est le phoque gris, dans le golfe du Saint-Laurent. Il est complètement en train de déséquilibré l’écosystème. », souligne le chasseur.
Les auteurs du volumineux document estiment que le gouvernement doit impérativement, au cours des six prochains mois, mettre en place une stratégie efficace et durable de gestion du mammifère marin. De belles intentions pour les chasseurs de phoques… mais qui se butent à une cruelle réalité : la désinformation.
« L’international, ils ont déjà investi des fortunes là-dedans. Beaucoup de temps et beaucoup d’énergie aussi. La journée qu’ils annoncent un marché qui ouvre… l’activiste va manifester en face du Parlement de ce pays-là et tout ferme. », continue monsieur Thériault.
La solution, pour les acteurs autour du dossier, doit être plus locale. Des récentes études montrent que l’industrie du phoque pourrait être florissante si un iota de marketing était mis en place.. Entre autres, pour la capture de homard ou de crabe…
« On sait qu’il y a possibilité de faire des appâts avec les entrailles de phoque. On sait que c’est un gros problème, la surpopulation de phoques, en ce moment. On sait comment récupérer la peau. On sait comment récupérer la graisse, la viande. On pourrait utiliser l’entièreté de la carcasse. », propose la directrice générale d’Exploramer, Sandra Gauthier.
Autre son de cloche pour les chasseurs qui veulent voir se développer une industrie plus solide…
« Il faut investir de façon importante dans une chasse… subventionner les prises et la récolte pendant quelques années, le temps que les chasseurs apprennent à chasser le phoque gris. », lance, quant à lui, Gil Thériault.
Aux termes de ce rapport, le Comité sénatorial formule 9 recommandations auprès de Pêches et Océans. On espère ainsi stopper la désinformation autour de la chasse au phoque, améliorer la gestion des populations et augmenter la recherche scientifique pour mesurer précisément l’impact du mammifère sur les stocks de poisson toujours à la baisse.