Un avis d’éviction à la veille des fêtes pour des résidents de Charlevoix
Publié le 22 décembre 2023 à 16:33, modifié le 22 décembre 2023 à 17:17
Par: Jérôme Gagnon
Dix locataires de Charlevoix seront évincés de leur logement au cours des prochains mois. Plusieurs entendent défendre leur cause devant le Tribunal administratif du logement. L’entreprise immobilière visée assure agir dans les règles de l’art.
Ces locataires ont reçu une bien mauvaise surprise de la part de leur propriétaire à la veille des Fêtes. Une lettre d’éviction, obtenue dans les derniers jours, provoque beaucoup d’incertitude et de stress.
« Maintenant, j’ai de la misère à dormir. Si je ne trouve pas de logement où je vais aller. Ils vont avoir le droit de me mettre dans la rue avec mes trois enfants ? », questionne avec émotion, la Clermontoise, Mélanie Perron.
Déjà, leur situation financière est critique avec le contexte inflationniste.
« Ici dans cette immeuble sur le boulevard Kane, on est des gens à faible revenu possédant des animaux. Il y a aussi trois personnes âgées avec des difficultés de déplacement. Près du trois quart des gens du bloc n’ont pas de voiture », explique Kelly-Ann Tremblay, locataire et porte-parole pour les citoyens de la résidence.
Au total, une dizaine de résidents de deux immeubles situés à La Malbaie et à Clermont disposent maintenant de six mois pour se retrousser les manches et trouver un nouvel appartement. Or, ils n’ont pas dit leur dernier mot. Ils comptent contester.
« Je peux tenir mon bout, je me suis fait conseiller de tenir mon bout », dit la mère de famille.
Les locataires craignent qu’Investissement TDL inc. procède à une « rénoviction» afin d’augmenter significativement le loyer. Ils déplorent aussi un manque de communication. Au téléphone, une des propriétaires de l’entreprise précise que des travaux d’agrandissement ou de subdivision doivent être effectués. Les résidents ont des doutes.
« Je ne vois pas vraiment comment il pourrait être en mesure de réaliser ces travaux. Retirer un mur ne représenterait pas un très grand agrandissement », estime la jeune étudiante inquiète.
« J’aimerais savoir qu’est-ce qu’elle veut dire par subdivision ? Elle ne me l’a pas dit », lance Mélanie Perron.
D’après des témoignages recueillis, d’anciens locataires d’un autre immeuble à Clermont, appartenant à la même société, ont fait face à un scénario similaire dans les derniers mois.
« J’aimerais que le gouvernement change les lois parce que ce n’est pas drôle de se faire évincer. Le stress que ça provoque. C’est triste », mentionne Stéphane Girard, père des enfants de Mélanie Perron.
Des rénovations pour augmenter l’offre dans Charlevoix
Les propriétaires affirment qu’il ne s’agit pas de « rénoviction ». La société, qui possède plusieurs immeubles dans la région, souhaite augmenter l’offre de logements sur le territoire frappée par une pénurie de logements. Construire de nouveaux logements coûte de plus en plus cher. Elle certifie avoir un plan concret pour ces rénovations.
De plus, des compensations financières et de l’aide seront offertes afin que les locataires puissent être relocalisés. Le processus en cours est tout à fait légal, selon l’entreprise. Elle invite les locataires à la joindre s’ils ont davantage de questions.
D’ailleurs, le phénomène explose ailleurs au Québec. Le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec observe une augmentation de 132 % du nombre d’évictions forcées cette année comparativement à l’an dernier. On parle donc de 3531 cas seulement rapportés auprès de l’organisme.