Prévisions météo
État des routes
Marées
Faire défiler
Faire défiler
Faire défiler

Nouvelles

Procès de Pierrick Caron: le gendarme prend la parole

Publié le 19 octobre 2023 à 12:50, modifié le 19 octobre 2023 à 23:27

Par: Patrick Giguère

Pierrick Caron, ce policier de la GRC accusé de voies de fait sur un sans-abri, en juillet 2021, a été appelé à la barre ce matin. Il s’agit de la dernière personne à se faire entendre.

Lors de son témoignage, le policier-enquêteur de 34 ans a expliqué avoir dû intervenir une première fois avec le sans-abri le matin même de l’altercation. Vers 10h40, un appel avait été logé au 911 dans un supermarché du centre-ville pour un individu à moitié dénudé.

Selon les propos de l’accusé, il réussit à avoir une bonne conversation avec Mercier et l’intervention se déroule bien. Il offre même à la victime, d’aller le reconduire chez un proche, ce qu’il refuse.

Deux heures plus tard, l’agent Caron interpelle Mercier à la suite d’un appel d’un signalement au détachement  pour un homme intoxiqué et qui tient un bâton dans le Tim Horton.

Caron, qui est à bord de son autopatrouille, interpelle Mercier qui marche sur la rue Roseberry. Il semble intoxiqué et n’a plus le même comportement attitude qu’au moment de l’intervention en matinée.

Les deux hommes sont entrés dans le restaurant qui était bondé de clients. Le gendarme dit avoir demandé poliement à l’individu de sortir à l’extérieur parce qu’il voulait lui parler. Il n’a jamais été question de l’arrêter ou de l’envoyer en prison, selon la version de Caron.

Cependant, lors des échanges, à l’intérieur de la chaine rapide, André Mercier aurait tenu des propos qui inciteront le patrouilleur à le détenir pour fin d’enquête.

Celui qui est réputé pour avoir un tempérament imprévisible et agressif a refusé de collaborer et les deux hommes se sont dirigés vers le portique.

À ce moment, toujours selon le récit du policier, ce dernier a aggripé un des bras de Mercier pour le retenir. Le sujet a tenté de le frapper au visage et lui dit qu’il voulait se battre avec lui.

Les deux hommes sortent à l’extérieur. L’agent Caron réussi à rattraper Mercier et le projeter à terre. Comme le sans-abri était agité et peu colaboratif, le policier a utilisé une technique enseignée pour mettre le sujet au sol.

Toujours selon les propos du policier, Mercier se serait débattu, aurait tenter de lui cracher au visage, de le mordre et de lui donner des coups de pieds.

Caron dit s’être senti en danger lorsque l’homme a tendu les mains vers son arme.

Pendant que Marco Savoie tenait les jambes de l’homme, le policier a affirmé avoir opté pour des coups de diversion pour maîtriser André Mercier -une des techniques enseignées aux policiers pour maitriser sans blessure un individu-

«On n’est pas policier pour battre quelqu’un» a tenu à spécifier Pierrick Caron.

Dans son contre-interrogatorie, le procureur de la Couronne, Me Patrick Wilbur, a longuement questionné l’accusé pour savoir  pourquoi il n’avait pas demandé immédiatement du renfort alors qu’il a déjà eu des mauvaises expériences avec Mercier.

Caron, qui semblait être agacé par certaines questions, a raconté qu’il n’avait pas l’intention de l’arrêter, mais seulement de lui parler calmement et de lui offrir une chance. Comme il avait eu une belle conversation avec Mercier lors de l’intervention du matin même, il n’a pas cru bon demander la présence de collègues.

La Couronne est revenu sur les déclarations de deux témoins occulaires. Selon eux, Caron aurait pris Mercier par la ceinture pour le plaquer au sol. L’accusé a démenti cette version parce qu’il dit ne pas être assez fort pour faire ça.

Me Wilbur a aussi confronté l’accusé sur des propos qu’il a tenu sur les ondes radios de la police.

Les avocats de l’accusé Me Alison Ménard et Me Gilles Lemieux, ainsi que le ministère public, feront entendre leurs plaidoiries cet après-midi.

Plaidoiries

L’avocate de l’accusé, Me Alison Ménard, a passé une majeure partie de son exposé à repasser des extraits des témoignages entendus lors du procès. Elle a soulevé certaines contradictions et apportée des précisions. Elle a indiqué que l’agent Caron avait le droit de procéder à l’arrestation d’André Mercier, sur qui il est accusé de voie de fait, parce qu’il avait les motifs de croire qu’il avait commis un vol. Me Ménard a posé la question : Qu’est-ce qu’on attendait de l’agent Caron cette journée ? Selon elle, les gens appelaient la police parce que André Mercier rôdait dans les commerces, s’était dénudé dans un supermarché et était possiblement intoxiqué. Elle a poursuivi en disant que certains citoyens étaient inquiets et souhaitait que la situation se règle.
La Cour devra statuer si les coups de diversion- une tactique pour déstabiliser un individu et le maitriser sans le blesser – était nécessaire, raisonnable et proportionnel à la situation.
Selon l’avocate de l’accusé, son client n’a pas agi avec de la force excessive car le suspect n’avait aucune blessure au visage et qu’aucun rapport médical n’a été présenté en cour.
La juge a noté que les agents ne semblent pas avoir offert à Mercier d’aller se faire évaluer par un médecin.
De son côté, la Couronne a fait savoir qu’il n’y a eu aucune raison que le policier détienne ou arrête le sans abri. Selon Me Wilbur, il s’agit d’un vol qui n’existe pas.
Il a répété les propos que Pierrick Caron a tenu sur les ondes radios : « ça fait déjà trois fois qu’on fait affaire avec aujourd’hui( André Mercier). Si on ne l’arrête pas, on va l’avoir dans les jambes toute la fin de semaine.»
Le procureur a dit en cour que le policier Caron voulait dès le départ procéder à l’arrestation de Mercier et le mettre en prison. La force utilisée est excessive selon lui.
La juge, Brigitte Sivret, a pris la cause en délibérée. Elle fera connaître sa décision le 28 février prochain.