Langues officielles au Nouveau-Brunswick : création d’un secrétariat
Publié le 12 décembre 2022 à 16:05, modifié le 12 décembre 2022 à 17:08
Par: Louis-Philippe Morin
Le premier ministre du Nouveau-Brunswick a finalement commenté les conclusions du rapport sur les langues officielles de la province, plus d’un an après le dépôt du document. Plusieurs organismes de défense des droits linguistiques attendaient ce jour depuis longtemps.
À chaque 10 ans, le Nouveau-Brunswick revisite sa Loi sur les langues officielles. Dans le dernier rapport, déposé en décembre 2021, les commissaires avaient fait plusieurs recommandations, mais aucune n’a été retenue par Blaine Higgs. Une gifle pour la communauté acadienne…
« Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer. Un an d’attente pour annoncer une mesure administrative, c’est vraiment ridicule. Sur 33 recommandations que les commissaires ont recommandées, justement, il n’a rien pris du tout. », constate le président de la SANB, Alexandre-Cédric Doucet.
Le premier ministre a plutôt décidé d’y aller avec sa propre recommandation, la création d’un Secrétariat aux langues officielles.
« Ce secrétariat va nous aider à promouvoir tous les aspects du bilinguisme provincial. Il va nous aider à renforcer notre habileté à répondre aux citoyens et aux visiteurs dans les deux langues officielles. », déclare Blaine Higgs, premier ministre de la province.
Le Secrétariat entrera officiellement en fonction en avril prochain. Il relèvera du ministère des Affaires intergouvernementales.
« Ce qu’on recommandait, c’est que le Secrétariat aux langues officielles relève du bureau du premier ministre. Là, il relèvera d’un autre ministère. C’est une déresponsabilisation totale du premier ministre envers la mise en application de la loi. », sourcille monsieur Doucet.
Le débat entourant les langues officielles a fait couler beaucoup d’encre ces derniers mois. Le premier ministre désire que les affrontements sur cet enjeu cessent et que la province puisse aller de l’avant.
« Être bilingue peut être un des plus grands avantages de notre province. Mais, si cet enjeu devient une opportunité politique pour certains, il n’atteindra jamais son plein potentiel. », affirme monsieur Higgs.
Plus tôt, dans la journée, la commissaire aux langues officielles de la province a dévoilé son rapport annuel. Shirley MacLean estime que le gouvernement doit en faire davantage pour combler les clivages entre les deux groupes linguistiques.
« Écoutons la voix de la majorité qui nous dicte le respect et un sentiment de fierté envers nos deux communautés linguistiques. À terme, la plupart d’entre nous croient en ces valeurs il faut se tenir ensemble comme une majorité et parler d’une seule voix. », philosophe madame MacLean, commissaire aux langues officielles du Nouveau-Brunswick.
Pour ce qui est de l’avenir du Commissariat aux langues officielles, Blaine Higgs n’a pas commenté le futur de l’organisation. Ce qui laisse planer des doutes…
« Ça reste à voir. Ça reste à voir… Mais, moi je vais continuer mon travail jusqu’à… Pour les prochaines… Pour les prochaines années à mon avis. », poursuit madame MacLean.
« Si le premier ministre veut abolir le Commissaire aux langues officielles, il devra me passer sur le corps. », termine monsieur Doucet de la SANB
La situation de la langue au Nouveau-Brunswick n’a pas fini de faire parler. Le gouvernement néobrunswickois doit présenter, au printemps prochain, un projet de loi sur une nouvelle version de la Loi sur les langues officielles. D’ici là, le clivage risque de demeurer marqué.