Important débordement de ciment à la cimenterie McInnis
Publié le 18 mai 2022 à 12:07, modifié le 18 mai 2022 à 17:41
Par: Patrick Giguère
Après les épisodes poussières collantes, un autre incident a eu lieu à la cimenterie de Port-Daniel-Gascons. L’entreprise se défend, mais plusieurs exigent plus de transparence.
Pendant près d’une minute, on peut apercevoir du ciment d’échapper d’un silo de Ciment McInnis.
Par courriel, la porte-parole de la cimenterie confirme qu’une défaillance d’équipement a entraîné un débordement de ciment au silo de chargement des camions, qui a été traité rapidement et n’a présenté aucun risque pour la sécurité.
Urgence Environnement a été prévenu. Le ciment est demeuré sur le site. La situation étant sous contrôle, nous travaillons maintenant à éviter que des incidents similaires ne se produisent à l’avenir, assure la responsable des communications, Maryse Tremblay.
C’est un autre incident qui soulève bien des questions dans la petit communauté de 2400 âmes. Le porte-parole d’Environnement Vert Plus n’a pas tardé à réagir lorsqu’on lui a montré les images captées par un travailleur. La vidéo a depuis été retirée des réseaux sociaux. Avec les nombreux épisodes de poussières collantes en 2020 et 2021, l’écologiste Pascal Bergeron est choqué de voir ces images-là. Il demande à Ciment McInnis des réponses et à la population de se mobiliser.
« C’était quoi la procédure d’urgence ? Comment ça se fait pendant qu’une minute dans ce vidéo-là, on voit ces émissions-là et ça ne s’arrête pas. Comment de temps ça a duré? Qui devait peser sur le bouton d’urgence et pourquoi il ne l’a pas fait ? (…) Je ne crois pas qu’il y a possibilité à travers les comités environnemental et de suivi de faire bouger les choses. Les gens vont devoir se mettre ensemble. Je comprends qu’il y a beaucoup d’obstacles à ça. Les gens ont peur de la réprobation sociale dans bien des cas, mais là je crois que la situation est devenue assez inacceptable », explique M.Bergeron.
Ce n’est seulement que tard mercredi matin, que le comité de suivi environnemental a été informé de l’incident. Alors que les opérations de l’usine sont bien rodées, on exige maintenant des réponses.
« C’est sûr qu’on commence à se demander c’est quoi le problème de ces bris-là. Est-ce que c’est un défaut de construction, une erreur humaine. On serait en droit de savoir. (…) Des fois c’est le concassage, des fois c’est le silo, alors que c’est flambant neuf. En principe, il ne devrait pas avoir autant de bris », explique Caroline Duchesne.
« La défaillance d’un équipement, le débordement de ciment et la fumée noire qui a suivi hier à la cimenterie McInnis soulèvent plusieurs inquiétudes tant au niveau de la sécurité et de l’environnement que de la santé des travailleurs et des résidents des environs. C’est pourquoi je demande à Urgence-Environnement de se rendre sur les lieux dans les meilleurs délais afin d’observer et de documenter ce qui s’est passé. J’interpelle également la direction régionale du ministère de l’Environnement afin que celle-ci fasse le point dès que possible pour fournir aux Gaspésiens une information impartiale sur l’événement et ses effets potentiels, s’il y en a » , a aussi réagi le candidat du Pati Québécois dans Bonaventure, Alexis Deschênes.
Deux inspecteurs du ministère de l’Environnement ont passé la journée sur le site de l’entreprise afin de documenter la situation et comprendre les circonstances entourant ces deux évènements survenus le 17 mai. Le Ministère n’exclut aucun recours à sa disposition si des manquements à la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE) ou aux règlements ont été commis.
Les enquêtes sur les pluies collantes à l’été 2020 et 2021 sont toujours en cours et trainent en longueur.
«Au terme de ces enquêtes, si le rapport d’enquête permet de conclure en des infractions à la Loi sur la qualité de l’environnement ou ses règlements, le dossier sera soumis au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) et il appartiendra à ce dernier de déterminer si des constats d’infraction doivent être déposés. Par ailleurs, parallèlement aux enquêtes pénales qui suivent leur cours, le MELCC évalue actuellement tous les autres recours à sa disposition pour faire corriger la situation et faire cesser ces émissions atmosphériques », explique Daniel Messier, un conseiller en communication et porte-parole régional Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.
Pour l’écologiste Pascal Bergeron, d’Environnement Vert Plus, les délais d’enquête sont déraisonnables. Il dénonce l’opacité de l’entreprise et de l’État, leur rappelant que les citoyens ont le droit de savoir ce qu’ils respirent.
D’ailleurs, les citoyens préoccupés par les rejets de poussières collantes des derniers mois sont invités, le 15 juin prochain, à rencontrer la Direction régionale de santé publique. À ce moment, les gens présents pourront prendre connaissance de l’analyse du risque à la santé lié aux poussières de la cimenterie depuis 2020.