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Nouvelles

CISSS de la Gaspésie: Un rapport accablant

Publié le 11 mai 2022 à 11:29, modifié le 12 mai 2022 à 11:29

Par: Patrick Giguère

Le rapport très attendu de la Vérificatrice générale sur la gestion administrative du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Gaspésie a été dévoilé ce matin. En mai 2021, une enquête avait été déclenchée à la suite d’allégations de favoritisme et népotisme.

Dans son rapport déposé à l’Assemblée nationale, la vérificatrice générale, Guylaine Leclerc, dresse un portrait peu reluisant du réseau de santé gaspésien. Au terme de son audit, elle conclut ce que plusieurs alléguaient depuis les dernières années. Il est notamment question du climat de travail, du processus d’embauche des cadres qui  manquent de rigueur et de transparence, des contrats gré à gré et des systèmes d’information accessibles aux personnes non autorisées.

Gestion administrative 

Dans le cadre de l’audit, les processus d’embauche pour pourvoir 48 postes de cadres intermédiaires et supérieurs ainsi que 32 postes d’employés syndiqués (professionnels, techniciens, préposés, ouvriers ou autres) ont été scrutés à la lettre. On dénote l’absence de vérifications des exigences définies dans l’appel de candidatures ne sont pas toujours effectuées et certains dossiers d’employés ne sont pas suffisamment documentés.

Après nombreuses vérifications, le VGQ a constaté que dans plus du quart des dossiers d’embauche de cadres, aucune vérification des exigences définies dans l’appel de candidatures n’a été effectuée. Des candidats qui ne répondaient pas aux exigences ont été convoqués, alors que d’autres candidats qualifiés ne l’ont pas été.

 «La plupart des dossiers analysés n’étaient pas suffisamment documentés, par conséquent, le processus n’a pas été de toute transparence attendue, et  certains candidats n’ont pas été traités de façon équitable.» – Extrait du rapport de la VGQ

Climat de travail toxique dans la Baie-des-Chaleurs 

Après avoir rencontré une trentaine d’employés, la vérificatrice conclut également que des enjeux liés au climat de travail  sont particulièrement présents sur le territoire de la Baie-des-Chaleurs. Le nombre de cadres ayant quitté leur emploi pour des motifs autres que la retraite entre 2018 et 2021 représente près de la moitié des départs de l’ensemble des cadres du réseau de santé gaspésien.

« Notons qu’il n’est pas possible d’associer directement les départs à des problèmes de climat de travail. Soulignons qu’avant août 2021, la Direction des      ressources humaines n’effectuait pas d’entrevues de départ afin de s’enquérir des raisons ayant motivé la personne à partir et de développer des plans d’action, si       requis. Toutefois, lors de nos entrevues avec certains anciens cadres, des enjeux de climat de travail ont été invoqués », indique-t-on dans le document.

On ajoute que malgré une politique en matière de promotion de la civilité et de prévention du harcèlement afin de favoriser et de maintenir un bon climat de travail, adoptée en 2016, «le CISSS n’effectue pas de rappels réguliers concernant sa politique auprès des membres de son personnel, comme leur souligner le nom de la personne avec qui ils peuvent communiquer en cas de besoin.»

Gestions des contrats

Aux yeux de la vérificatrice, la gestion des contrats de services manquent de rigueur et ne sont pas toujours octroyés dans le respect du cadre légal. Par exemple, des justifications pour conclure un contrat de gré à gré un dont la valeur estimée est supérieure au seuil d’appel d’offres publiques sont insuffisantes. Des dépenses relatives aux contrats ne font pas l’objet d’un suivi adéquat et  les renseignements publiés dans le système électronique d’appels d’offres du gouvernement sont souvent erronés ou incomplets.

De plus, certains systèmes informatiques qui renferment des renseignements personnels peuvent être accessibles par des personnes non autorisées.

« Au niveau des personnes décédées, des dossiers étaient classés dans un garage qui servait pour la maintenance», rapporte la vérificatrice générale, Guylaine Leclerc.

Enfin, les membres du conseil d’administration ne respectent pas certaines de ses règles de fonctionnement.

5 recommandations

On recommande de revoir le processus des embauches des cadres en précisant les rôles et responsabilités des acteurs qui prennent part à la vérification des exigences. Obtenir le taux de rétention du personnel, d’améliorer les pratiques et les contrôles en matière de gestion contractuelle, de renforcer le contrôle des systèmes informatiques afin de protéger les renseignements personnels des usagers. Finalement, on invite les gestionnaires à réviser les pratiques de gouvernance en place.

Les travaux du Vérificateur général du Québec (VGQ) ont porté sur une période de trois ans, soit entre le 1er avril 2018 au 31 mars 2021.

Le Syndicat des infirmières exige la démission de la PDG

À la suite du rapport publié ce matin, le président du Syndicat des infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes de l’Est du Québec (SIIEQ) exige que Chantal Duguay soit relevée de ses fonctions.

« Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a demandé, au mois de mars dernier, à Chantal Duguay de prolonger son mandat, qui devait prendre fin le 31 mars 2022, faute de trouver un successeur désigné. Le rapport rendu public aujourd’hui démontre clairement que cette décision du MSSS est une erreur et que la PDG doit être relevée immédiatement de ses fonctions. Il est évident qu’elle n’a pas les qualités morales, ni l’intégrité et ni les compétences professionnelles pour occuper de telles fonctions. (…) Les reproches du vérificateur général à l’endroit de Chantal Duguay sont lourds de sens. En effet, elle est allée aussi loin que de ne pas respecter le cadre légal et réglementaire dans l’octroi des contrats, ce qui est extrêmement inquiétant », commente par communiqué le président, Pier-Luc Bujold.

Le leader syndical ajoute que les membres du conseil d’administration ont eux aussi un sérieux examen de conscience à faire alors que le rapport du vérificateur général a soulevé des lacunes importantes dans la  gouvernance de l’organisation. « Ce constat est inquiétant et les administrateurs du CISSS doivent maintenant nous dire quels engagements ils entendent prendre pour corriger la situation », ajoute-t-il.

Les députés gaspésiens Sylvain Roy et Méganne Perry Mélançon réclament pour leur part une tutelle.

«Le départ de Mme Duguay ne changera pas la philosophie de gestion», avance M. Roy, qui représente la circonscription de Bonaventure comme indépendant.

«Il faut qu’il y ait une transition harmonieuse. Il faut qu’on s’assure que l’institution aille sur la bonne voie. C’est dans cette optique qu’on demande la mise sous tutelle», souligne de son côté la députée péquiste de Gaspé.

Le réseau de santé de la Gaspésie accueille favorablement le rapport du VGQ

Par voie de communiqué, le CISSS de la Gaspésie dit adhérer aux constats et aux recommandations qui y sont inscrits, suite à l’audit de performance administrative qu’a réalisé ce dernier au cours de la dernière année dans l’établissement. Selon la PDG du réseau, l’organisation est déjà en action dans un objectif d’amélioration continue face à plusieurs des constats soulevés par le rapport du VGQ. « Le rapport vient, d’une certaine façon, confirmer plusieurs points sur lesquels nous avions commencé à travailler au cours des dernières années. », a tenu à préciser Chantal Duguay.