Un siècle après l’abolition de la prohibition au Québec, certaines boissons alcoolisées semblent toujours dans la mire du gouvernement. 52 % de la valeur de chaque spiritueux vendu par une microdistillerie revient à la Société des alcools du Québec. Et avec les autres taxes qui s’ajoutent, les producteurs retirent seulement 14, 15 $ pour une bouteille vendue à 45, 50 $.

« Quand je prends la bouteille directement de mon entrepôt et que je l’amène à ma boutique, là c’est un peu anormal d’être taxé à ce niveau-là », déplore le président de l’Union québécoise des microdistilleries, Jonathan Roy.

« On a l’impression qu’étant donné que la SAQ n’est pas impliquée dans la production et la vente de ces produits-là, ça ne fait aucun sens », poursuit le vice-président au marketing à la distillerie Menaud, Charles Boissonneau.

Cela fait quatre ans que l’Union québécoise des microdistilleries demande au gouvernement de limiter la taxe seulement lorsqu’une bouteille est vendue à la SAQ.

« Tout ce qu’on demande, c’est d’être traité égal à tous les autres producteurs d’alcool. Ce n’est pas parce que nos alcools ont un plus haut tôt d’alcool que ça devient mal par défaut », prévient Jonathan Roy.

Le président de l’UQMD est aussi le propriétaire de la distillerie Fils du Roy à Saint-Arsène. Son expérience l’a convaincu que l’argent dédié à la majoration pourrait être mieux investi.

« On a plein de projets, mais malheureusement avec cette taxe-là de 52 %, ça nous empêche d’aller au bout de nos rêves », dit-il.

« Les revenus qu’on perd à cause de la majoration, ce sont des revenus qu’on peut réinvestir pour améliorer l’expérience des gens sur place », ajoute Charles Boissonneau.

Québec insiste pour dire qu’en 2019, la SAQ a réduit son taux de majoration de deux pour cent. Et après des mois de discussion avec le ministère de l’Économie et de l’Innovation, les microdistilleries ont récemment obtenu une maigre baisse en taxation de deux dollars par bouteille « exclusivement » pour l’été 2021.

« Lorsqu’ils ont donné, on appelle ça une poignée de change, pour nous faire taire pendant l’été, ça a vraiment mis le feu aux poudres cet été, et les membres ont voté à l’unanimité pour avoir des pressions », prévient le président de l’UQMD.