En plein mois de juillet, Jenny McLaughlin avait besoin de s’évader spirituellement. Lorsque sa voiture est tombée en panne au beau milieu de la forêt au sud de Bathurst, la jeune femme a tenté de rejoindre la ville. Elle ne se doutait pas qu’elle allait y passer les 13 jours suivants.

«Les premières journées, je n’avais pas d’eau, pas de nourriture. Je n’avais rien. J’entendais les coyotes et le son des ours», dit-elle.

Heureusement, son père lui avait montré quelques trucs de survie. «J’ai commencé à trouver de petites choses comme des quatre temps. Des petits fruits sauvages que je savais qui était bon à manger. […] Il y a eu des journées où il a mouillé beaucoup, alors l’eau de pluie. Creuser dans la terre avec ce que je pouvais. […] Je n’avais rien. Je n’avais pas de briquet, je n’avais pas de feu. Quand c’est la pluie, c’est vraiment me cacher en dessous des sapins.»

«Le pire, ce n’était pas le froid. Le pire, c’était la chaleur.»

La GRC avait entamé des recherches, mais c’est un monteur de ligne de la East Coast Powerline qui a retrouvé la survivante le 28 juillet. Et son entourage était soulagé.

«Je me suis écroulé à genoux et j’ai commencé à pleurer», confie le conjoint de la rescapée, James Hilt. «J’ai appelé mon père tout de suite. Mon père a commencé à pleurer. […] J’ai toujours su que c’était une femme forte. Je l’ai toujours appelée «ma guerrière amazonienne». Elle me l’a pas mal prouvé.»

Jenny McLaughlin peut sembler idemne, mais ce n’est qu’une première impression. «Pour marcher, des fois elle a de la misère à se lever. Les bandages, nettoyer ses plaies, explique-t-il. Honnêtement, je m’attendais à pire. Je m’attendais à ce qu’elle sorte de là plus maganée que ça.»

«Dans les deux dernières journées, je ne pouvais plus marcher du tout quand on m’a retrouvée», ajoute Jenny McLaughlin.

Selon elle, cette aventure qui a tourné au cauchemar avait peut-être du bon. Elle lui a permis de chasser ses démons.

«Émotionnellement et physiquement, je me sens changée. Je me sens mieux. C’était paisible d’une manière, mais épeurant en même temps. […] Ma grand-mère est décédée en 2018 et j’ai vraiment eu l’impression d’avoir sa présence avec moi en forêt. C’était comme si elle me guidait.»

Jenny McLaughlin a l’intention d’écrire un livre pour partager son histoire, en espérant qu’il puisse un jour aider quelqu’un dans la même situation. Elle encourage la population à s’impliquer dans la recherche de personnes disparues.

La jeune femme reconnait que son aventure en pleine forêt lui a donné envie d’y retourner, mais cette fois mieux préparée. Décidément, la forêt ne lui fera jamais peur.