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Le Ministère du Tourisme utilise le caribou de Charlevoix comme attraction touristique

Publié le 6 mai 2022 à 14:49, modifié le 6 mai 2022 à 14:51

Par: Megan Maltais

Quelques semaines après que le ministre fédéral de l’Environnement a annoncé qu’il va recommander un décret pour assurer la survie du caribou forestier, voilà que le Ministère du Tourisme utilise cette espèce comme attraction touristique dans Charlevoix. Depuis, la publication controversée a été retirée du site internet Bonjour Québec, non pas sans susciter de réactions.

« Historiquement, le caribou a toujours été une attraction touristique. Maintenant, considérant que les populations des caribous sont très très petites, on ne peut plus considérer que le caribou est un attrait touristique », raconte le biologiste et directeur de la conservation pour SNAP Québec, Pier-Olivier Boudreault. Ce dernier dénonce également le déséquilibre entre les activités de foresteries et la conservation de la biodiversité, ce qui affecte énormément les caribous.

L’habitat naturel du caribou étant déjà compromis, le professeur titulaire en écologie animale de l’Université du Québec à Rimouski se questionne sur le choix du ministère du Tourisme de faire du caribou une attraction. Celui-ci, ce serait une pression additionnelle sur l’espèce.

« Le fait d’avoir, en plus de ça, du dérangement sur des structures linéaires, des sentiers, des routes, des voies d’accès pour les vélos, ça s’ajoute à cette pression-là. C’est souvent des corridors qui sont utilisés par des prédateurs, particulièrement quand c’est peu fréquenté par des humains comme pendant la nuit », explique Martin-Hugues St-Laurent.

Comme les caribous sont sur le point de l’extinction, le professeur rappelle l’importance de travailler pour minimiser les pressions additionnelles qui pourraient faire basculer cette population vers un déclin. Pour l’instant, les caribous de Charlevoix sont tenus en captivité dans un enclos. Lorsque leur habitat naturel sera prêt à les accueillir de nouveau, il sera important de ne pas ajouter de pression touristique pour le bien-être des caribous. « Une chose est sûre, c’est que c’est un peu mal habile si l’on considère que, a) le dérangement entropique est problématique pour les caribous et que, b) les caribous de Charlevoix ne sont plus en nature donc on ne peut plus les croisés ailleurs que dans un enclos. Si mon souvenir est bon, le ministère des Forêts, des Faunes et des Parcs ne souhaitait pas que l’enclos devienne une attraction touristique », confirme le professeur.

Avenir inquiétant

La situation entourant le caribou de Charlevoix est inquiétante et des mesures devront être mises en place rapidement. Martin-Hugues St-Laurent estime qu’il faudrait au moins une autre décennie pour enfin observer une population autosuffisante dans cette région-là. « Les individus qui sont dans un enclos en ce moment, j’ai peu espoir de les revoir libre dans la nature. »

La SNAP Québec est du même avis concernant l’avenir incertain des caribous de Charlevoix. « La préoccupation première c’est la conservation de son habitat. Sinon, on est pris avec un bain avec un trou dedans, mais on continue à verser de l’eau. Tous [les efforts] ne servent à rien si son habitat est perturbé », précise le biologiste.

 

La population des caribous de Charlevoix ne compte pas plus de 20 individus, comparativement à presque 60 en Gaspésie.