Intimidation : quand l’école devient un lieu de souffrance
Publié le 15 février 2022 à 17:39, modifié le 15 février 2022 à 19:54
Par: CIMTCHAU
Même si beaucoup de travail est fait pour contrer le phénomène, l’intimidation continue de faire des victimes. C’est ce qu’a vécu une adolescente dans une école secondaire de la région.
« Les premières fois qu’on s’est rendus compte qu’Ania-Claude vivait vraiment de l’intimidation et non des conflits, c’était en sec. 1, sec. 2. Il y avait une compagne de classe-là qui lui disait des injures, puis qui vraiment essayait de la couper du reste des amies », raconte Katou, la mère d’Ania-Claude. »
Ania-Claude a 14 ans. Elle est en troisième secondaire et fréquentait, jusqu’à tout récemment, l’école Antoine-Bernard à Carleton-sur-Mer. Si elle a quitté son école pour faire les cours à la maison, c’est qu’elle n’était plus capable de se rendre dans ce lieu où elle a subi de l’intimidation pendant 2 ans et demi.
L’adolescente raconte quel type d’intimidation elle a vécu : «Je me suis fait souvent pousser dans l’escalier, je me suis fait pousser mes cahiers par terre, je me suis déjà fait voler mes cahiers, mon sac d’école. J’ai reçu des textos en secondaire 2. Est-ce que je peux dire ce que…? Me disant que j’aurais dû m’enlever la vie. »
Question de la journaliste : On disait des mots assez vulgaires aussi. Qu’est-ce qu’on te disait?
« Ben, pute, salope, conne, t’es laide… », énumère Ania-Claude.
Nous lui demandons si ces gestes d’intimidation venaient toujours de la même personne ou de plusieurs personnes.
« Plusieurs personnes, mais une en particulier », répond l’élève de secondaire 3.
Nous voulons savoir si cette intimidation a affecté sa santé.
Ania-Claude hésite, ne sachant pas comment aborder le sujet. Sa mère répond qu’elle a fait une dépression. La jeune fille renchérit : « Ben oui, en sec. 2, j’ai fait une dépression majeure, j’ai été hospitalisée deux fois, en 3 mois, ça changé ma santé mentale. »
Nous lui posons la question : Est-ce que tu avais encore envie de vivre? La réponse d’Ania-Claude est directe : « Non. Non. »
Puis qu’est-ce qui t’a donné la force de continuer ? « J’ai manqué ma « shot », répond Ania-Claude avec un rire nerveux en ajoutant c’est triste, mais c’est ça. »
Nous osons poser la question : Donc, tu as fait une tentative de suicide? « Deux. Une fois, la 2e fois c’était de la mutilation », nous confie Ania-Claude.
Question : Est-ce que tu as sonné la cloche d’alarme auprès des professeurs ou de la travailleuse sociale ou du directeur de l’école? Ania-Claude répond avec affirmation : « Plusieurs fois, j’ai été souvent le voir. »
Nous avons demandé à interviewer le directeur de l’école Antoine-Bernard, mais le Centre de service scolaire René-Lévesque nous a répondu que c’était impossible. Le directeur général, Louis Bujold, ne semblait pas au fait de la situation de cette élève et nous assure qu’il fera des vérifications avant de commenter.
Comment gère-t-on l’intimidation dans les écoles? Demain, nous poursuivons ce reportage avec l’expertise de la Fondation Jasmin Roy.