CISSS de la Gaspésie : des emplois sur le bout de la langue
Publié le 26 septembre 2023 à 16:46, modifié le 26 septembre 2023 à 16:46
Par: Yanick Boudreault

Le syndicat des infirmières et infirmières auxiliaires affirme que les employées francophones sont discriminées lors des affichages de postes au CISSS de la Gaspésie.
Depuis le début du mois de septembre, le CISSS de la Gaspésie affiche beaucoup de postes avec l’obligation de parler le français et l’anglais. Pour le moment, il y en a une vingtaine. Ça empêche certaines infirmières, qui ne parle que le français, de postuler sur des emplois où la demande est plus que criante. De plus, ce n’est que la pointe de l’iceberg comme nous a dit le président du syndicat. Le CISSS affirme que d’autres postes seront bientôt affichés avec la mention bilingue. Le CISSS n’a pas l’intention de déroger à ce critère.
« Pour ces postes-là, ta candidature s’en va directement dans la déchiqueteuse parce que tu n’es pas bilingue », indique le président du syndicat des infirmières et infirmières auxiliaires, Pier-Luc Bujold.
Le syndicat insiste sur le fait que le CISSS dénature l’utilisation de la loi 96. L’essence de cette loi est de protéger le français tout en offrant des services aux minorités anglophones et autochtones. Ici dans la région, il y a des communautés anglophones et deux territoires autochtones. Le syndicat trouve que le CISSS joue sur la ligne pour afficher plusieurs postes avec la mention bilingue.
Il ne faut pas écarter le contexte de pénurie de main-d’œuvre qui est plus que présent dans le domaine de la santé chez nous. Pour le syndicat, ce n’est pas une raison de reculer dans le temps au lieu d’être proactif et de trouver des solutions. Pier-Luc Bujold insiste sur le fait qu’en bout de la ligne, les infirmières écopent, mais la population aussi.
« On se rappellera qu’il y a des agences privées dans tout le réseau, il y a du temps supplémentaire obligatoire dans tout le réseau. On est à l’apogée d’une crise de manque de personnel important dans le réseau, il y a des services qui peine à offrir à la population », explique M. Bujold.
De son côté, le ministre de la Santé, Christian Dubé, est surpris de cette mesure implantée par le CISSS de la Gaspésie. Il assure que des questions seront posées aux personnes concernées.
« Je ne comprends pas qu’on fasse une discrimination sur la langue parce que quelqu’un n’est pas bilingue pour travailler en Gaspésie. Je ne comprends pas et il va falloir que je fasse les vérifications », déplore le ministre de la Santé, Christian Dubé.
En fin d’après-midi, le CISSS nous a fait parvenir une déclaration par écrit dans laquelle on peut lire que la volonté première de l’organisation est d’offrir un emploi à chaque infirmière qui est qualifiée et qu’elle puisse pratiquer qu’elle parle anglais ou non.